C’était un vendredi soir. J’étais assise à l’îlot de la cuisine à écrire, accompagnée d’un verre de rouge. La maison était calme. Tellement et drôlement calme. Si ma maison pouvait parler, je suis certaine qu’elle m’aurait partagé son étonnement. Sauf pour quand elle est vide, elle n’est jamais aussi… calme. À travers le bruit du vent dans les feuilles des arbres, j’entendais même ma voisine pianoter.
Mon mari rentre du travail. Il n’y a pas eu de « PAPAAAAAAA!!!!! » avec des pieds potelés qui courent en faisant un vacarme.
– Mon amour, où sont les enfants?
– Ils sont au parc.
– Oh…
Il part se changer, se verse un verre et vient s’asseoir à côté de moi.
– Ouf. C’est un drôle de calme ici, non?
– Oui, han!
Il me regarde et dit :
– On est rendus là?
– Oui, mon amour, je pense bien qu’on est rendus là.
– On va faire quoi, maintenant? me dit-il avec un sourire en coin.
Moi, à la blague de lui répondre qu’il faudra apprendre à se parler et avoir du fun ensemble. Lui, de me faire un regard complice. Nous, de rire.
Rire de cette nouvelle liberté. Rire de ce « on est rendus là » qui nous fait prendre conscience des années qui ont passées. Du tourbillon qui s’effrite, du nouveau calme qui s’invite dans nos vies. De voir nos beaux enfants en santé. Capables d’aller au parc. Prendre conscience de notre privilège.
Ce soir-là, nous avons regardé ensemble derrière nous. Nous avons jasé du chemin parcouru. Du jour où nous sommes devenus une famille. De ce que nous avons traversé ensemble. Puis, réalisant notre chance, on a trinqué à cette nouvelle phase de notre vie que l’on accueille ensemble.
Il n’y a pas si longtemps déjà, c’était les matins qu’on se séparait pour laisser l’autre dormir, c’était la gestion des virus de garderie, les premiers pas, le sac à couches. Maintenant, ce sont les enfants qui vont dormir chez leurs ami.e.s, le téléphone qui sonne pour eux, les valises qui se font par de petites mains encore presque potelées quand un petit voyage impromptu se pointe.
Je les vois autonomes et indépendants et je les trouve beaux. Je nous donne une petite tape dans le dos en me disant qu’on a de quoi être fiers. Et comme pour chaque étape, je ne regarde pas trop devant parce que ça me donne le vertige.
Ça me donne le vertige parce que dans le fond, le temps passe beaucoup trop vite. Puis, je réalise que j’suis prise de mixed feelings. Je suis fière pis nostalgique. Je suis soulagée et triste. Parce que j’ai pu de bébé.
Mais c’est correct. Parce que la vie est bien faite. Et cette nouvelle étape nous permet d’apprendre à découvrir la personnalité de nos enfants. Leur sens de l’humour. Leur façon de voir les choses. Nous avons du plaisir avec eux. Être en leur compagnie, c’est facile.
Des fois, je m’allonge à côté d’eux dans le lit, à les bécoter et les regarder dormir. Et je n’ai même pas peur de les réveiller. Parce qu’ils font leur nuit, HA!
Est-ce que, comme nous, vous êtes des parents qui entrent dans cette nouvelle phase? Comment en avez-vous pris conscience?