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Ce qui devait être notre premier voyage de rêve en camper a pris une drôle de tournure
Crédit: Steve Halama/ Unsplash

Depuis toujours, j’avais hâte de fonder une famille pour faire du camping. Je pouvais visualiser ce rêve comme une image de carte postale. Mon Rémi, mes enfants, notre chien et moi partirions à l’aventure en symbiose avec la nature. Je me voyais manger des toasts cuites sur la braise et j’imaginais ma petite progéniture dans la garnotte à la recherche de bibittes. Malheureusement pour moi, mon chum ne partageait pas du tout la même passion que moi pour le camping. Donc 7 ans et plusieurs chicanes discussions plus tard, on a fait un compromis: on a acheté un gigantesque motorisé de 37 pieds. On l’a surnommé la bête.

La bête/ Emilie Munger

Nous sommes donc partis en vacances en camper dans les Maritimes. J’avais tout réservé et tout était planifié au quart de tour. Je réalisais mon rêve. J’imaginais revenir à la maison le cœur rempli et la tête pleine de bons souvenirs. En plus, j’étais enceinte de quelques semaines alors c’était notre dernier voyage avant qu’on soit quatre.

Puis, sur la route du départ, quelque part dans le Bas-St-Laurent, on a eu un flatte. Non, s’cusez, c’est pas un flatte puisque le pneu a littéralement explosé. Impossible pour nous de le changer puisque la bête pèse près de 10 000 lbs. Et aussi parce que la bête est double roue et que c’est la roue intérieure qui a brisé. Donc, 5 heures de retard et 500$ de réparation plus tard, je reprenais la route avec un semblant de sourire aux lèvres et un début de nausées de grossesse.

À peine arrivés au premier terrain de camping, quelques heures plus tard, la toilette a bouché. Je venais à peine d’acheter mon campeur quelques semaines auparavant. Fait que pas besoin de vous dire que je siphonnais les eaux noires des anciens propriétaires (beurk!). Je n’avais même pas eu le temps de digérer ma crevaison (lol pas lol) que mon campeur, lui, ne digérait plus rien. Aurais-je omis de vous dire que j’étais enceinte de quelques semaines? J’avais les hormones dans le tapis et les nausées de grossesse qui allaient avec.

J’aimerais vous dire que la mésaventure s’arrête ici, mais non. Quelque part sur la route, entre le Pont de la Confédération et Charlottetown, j’ai eu une deuxième crevaison. Je commençais à la trouver moins drôle. Vous savez, on dit que quand quelque chose brise, d’autre chose brise en même temps? Bien au même moment, mon frigo au propane ne fonctionnait plus. J’ai perdu toute ma nourriture. Ah et le lait du bébé aussi. J’aurais voulu retourner en acheter, mais j’étais comme un peu beaucoup en panne. Et je suis restée 6 heures à attendre qu’on répare cette deuxième crevaison. Le gentil monsieur qui l’a réparé nous a dit dans un anglais que mon chum ne comprenait pas qu’on était à risque de ravoir (encore) une crevaison.

Finalement, 800$ de pneus plus tard, on était rendus au dernier camping. Tout allait bien jusqu’à ce que l’électricité complète du campeur s’arrête. Le fil était scrap, capoute, mort, dead, name it! Pas moyen d’avoir un beau moment joyeux en famille. J’ai fait le bilan des comptes et en calculant le montant des campings, de l’essence, des réparations et du paiement de motorisé, j’aurais pu aller Europe. En fait, plus précisément, j’aurais pu faire le tour de l’Italie, en première classe, dans une villa, avec des majors d’hommes et un concert privé des Rolling Stones (j’exagère… mais pas tant que ça). Au lieu de ça, je réalisais mon « rêve » de faire du camping.

Fait que, j’ai mis mon campeur à vendre sur Kijiji pendant que j’étais encore sur ce fameux terrain de camping. C’était ça, ou je le brûlais. Pas besoin de vous dire que j’ai pas eu de misère à convaincre ma douce moitié. Et quand j’y repense, je sais pas si c’est le camping que j’aimais, ou l’idée que je m’étais faite du camping. Parce que sans joke, mon niveau de bonheur n’était vraiment pas proportionnel au niveau d’attentes que j’avais. Et encore moins proportionnel aux gros paiements qui venaient avec.

Aujourd’hui, quand mon chum me parle de son « rêve » d’avoir un chalet, je me garde une petite gêne. Je lui réponds, sourire aux lèvres « On en louera un ».

Aviez-vous des rêves qui ne se sont pas passés comme prévu?

 

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