À toi qui cours,
J’envie ta liberté.
Tu me nargues avec tes pieds, quand je te vois trottiner.
Ton déhanchement calculé excite mes neurones et titille ma musculature assoupie.
Ton martèlement régulier sur le bitume ardent séduit mon ouïe, me fait brûler d’envie.
La chevelure au vent, le souffle court; tu me fais baver de jalousie.
J’hume l’air. Je le veux rapide, contre mes joues, dans mon dos, les bras libérés de leur 90 degrés bien soudés à la poignée.
Tes jambes explorent l’aire et moi je me morfonds, devant ton bel air.
Mes espadrilles pleurnichent, tout au fond de leur glauque boîte de rangement.
J’attends sagement.
Et pourtant, tous mes pores crient haut et fort ; ma peau veut exprimer du H2O, sans pitié, ni retenue. Mes valves cardiaques veulent scander leur capacité. Ma poitrine veut tambouriner, pas juste allaiter.
Le goût du soleil, sur les lèvres. Je veux me dépasser, te dépasser, surpasser mon corps encore ensommeillé.
Je te regarde. Toi. Coureur invétéré.
Écouteurs aux oreilles, où j’y devine une musique bien cadencée.
Si mes roues de poussette avaient une voix, un vrombissement bien culotté viendrait t’assourdir, au passage. Arrogance puérile. Machisme féminin à quatre roues.
Mon périnée gémit, me rappelle à la réalité, à la vie.
Bébé béat me sourit ; il aime la vitesse de son cocon locomoteur. Il apprécie le pas mesuré, sans démesure, de maman à poussette qui attend son tour avant d’user ses chaussures.
À toi qui cours,
Tu m’inspires à mesure que tu inspires.