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Mon désir inassouvi d’accoucher sans épidurale
Crédit: Ignacio Campo / Unsplash

J’ai toujours souhaité accoucher sans épidurale au moins une fois. J’admirais les femmes qui accouchent en accueillant leur douleur et en ne faisant qu’une avec elle. Je ne sais pas si je ressentais le besoin de me prouver que je n’étais pas si douillette que je le croyais, mais je souhaitais vivre cette expérience.

Mon premier accouchement a été long et pénible. Vingt-trois heures de douleur, dont dix-huit heures de travail non efficace. Après avoir passé la nuit à souffrir et à faire des allers-retours entre l’hôpital et mon appartement, j’ai enfin pu être admise en chambre de naissance. Je me sentais au bout de ma vie et la dilatation de mon col venait d’atteindre la fameuse mesure qui me permettait enfin de recevoir l’anesthésie péridurale! Je l’ai donc demandée sans hésiter. En fait, je ne l’ai pas demandée, je l’ai exigée. Après des heures de souffrance et une nuit blanche, l’idée de ne faire qu’une avec ma douleur ne m’enchantait plus du tout.

Mon second accouchement a eu lieu huit jours après le décès de mon aînée. Nous avions célébré ses funérailles la veille, j’avais dormi durant la nuit et j’avais commencé à ressentir des contractions peu après mon réveil. J’ai pris une douche, terminé la préparation de ma valise et demandé gentiment (puis moins gentiment) à mon mari de lâcher son iPad pour que nous puissions nous rendre à l’hôpital.

Lorsque mon médecin m’a examinée, j’étais prête à aller en chambre de naissance. Je gérais bien mes contractions, en serrant très fort la couverture de ma fille contre moi. Je lui demandais si elle pouvait, de son étoile, veiller sur nous et surtout sur son petit frère qui allait arriver d’une heure à l’autre. J’étais prête à tenter un accouchement naturel, puisque je me disais qu’aucune douleur physique ne pouvait surpasser la douleur émotionnelle que je ressentais face à la perte de ma fille.

Toutefois, sous les sages conseils de mon mari et de mon médecin, j’ai décidé de recevoir l’épidurale. Ils croyaient que j’avais déjà assez souffert dans les derniers jours, que je m’étais suffisamment épuisée et qu’il était préférable que je mette toutes les chances de mon côté pour que cet accouchement se déroule sans heurts. J’étais d’accord avec eux et j’ai donc décidé que l’accouchement sans épidurale serait pour bébé 3, s’il y avait un bébé 3.

Et bébé 3 il a eu. Mon col s’est d’abord dilaté sur une longue période, sans douleur. J’allais bientôt être à terme et c’était toujours le statu quo. Le soir de mon terme, mes contractions semblaient se rapprocher. La gynécologue et moi avons décidé de donner un coup de pouce à la nature et de crever mes eaux. J’étais convaincue que j’allais enfin vivre l’expérience d’un accouchement naturel, puisque mon col s’était déjà dilaté à 5 centimètres sans que je ne ressente le moindre inconfort.

En toute confiance, j’ai donc répondu à l’équipe médicale que l’anesthésiste pouvait retourner chez lui pour aller dormir. J’étais bien naïve, car quelques minutes plus tard, la douleur s’est intensifiée à une vitesse grand V. Jamais je n’avais ressenti une si grande douleur physique. Mes jambes claquaient, j’avais la nausée et je croyais bien que j’allais mourir. Mais où était donc passé l’anesthésiste!? Ah oui, il était parti chez lui puisque j’avais clairement nommé ne pas avoir besoin de lui! C’est presque en pleurs que j’ai demandé au personnel médical de l’implorer de revenir à l’hôpital pour me donner l’épidurale.

La douleur m’empêchait de m’étendre sur le lit et de laisser la médecin examiner mon col. Nous avons donc convenu que j’aurais l’épidurale, peu importe le niveau de dilatation de ce dernier. Lorsque j’ai enfin aperçu l’anesthésiste, j’ai cru voir un halo de lumière l’entourer. C’était mon sauveur. Il allait enfin me débarrasser de ce mal ingérable qui me donnait l’impression que j’allais perdre le bas de mon corps.

Moins de 20 minutes après avoir reçu l’épidurale, j’étais prête à pousser. J’implorais les médecins de me « donner du liquide, encore plus de liquide », afin qu’ils augmentent ma dose d’épidurale. La gynécologue, qui était revenue prêter main forte à l’équipe, disait qu’elle était heureuse que je n’aie pas accouché naturellement étant donné qu’elle avait ses deux bras bien entrés dans mon col pour repositionner mon bébé. 

Ma famille est maintenant terminée. Il n’y aura pas de bébé 4. Je ne connaîtrai donc jamais ce qu’est un accouchement naturel. Je réalise que je n’étais probablement pas suffisamment préparée pour utiliser les méthodes alternatives de gestion de la douleur de façon efficace. Heureusement, l’épidurale n’a jamais gelé mon corps à un point où je ne ressentais plus mes contractions. Néanmoins, j’aurais aimé avoir le courage de vaincre ma douleur jusqu’au bout.

Avez-vous accouché avec ou sans épidurale? Comment l’avez-vous vécu?

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