Depuis que j’écris pour TPL Moms, j’ai constaté que certains textes de mes collègues ont fait l’objet de commentaires désobligeants. Je considère avoir de la chance, car jusqu’à tout récemment, je n’avais pas vraiment goûté à la controverse.

Il est évident que de partager nos vécus et nos opinions nous expose à faire face aux désaccords des lecteurs. Lorsque nous écrivons pour un blogue, il faut être en mesure d’accueillir les points de vue divergents et de laisser notre susceptibilité de côté. Cependant, je constate que les opinions différentes frôlent parfois le shaming parental.

 

Ma petite histoire de shaming parental

Cette semaine, j’ai écrit un texte sur mon désir inassouvi d’accoucher sans épidurale. Je partageais le fait que j’aurais aimé, au moins une fois, être capable de ne pas avoir recours à cette méthode de gestion de la douleur. Bien entendu, il ne s’agissait pas d’un objectif de vie ultime. Il s’agissait seulement d’un but que j’ai tenté d’atteindre au début de chacun de mes accouchements, mais que j’ai rapidement abandonné en toute sérénité, pour différentes raisons.

Suite à la publication de ce texte que j’ai écrit bien naïvement, j’ai eu droit à quelques commentaires qui invalidaient ce mini-objectif-sans-trop-d’importance que je m’étais fixé. Des lectrices ont souligné la culpabilité que ce genre d’article fait vivre aux mères. Une autre m’a traitée d’égoïste et de nombriliste, stipulant qu’accoucher sous épidurale était bien banal en comparaison avec le vécu des mères qui ont un enfant malade ou handicapé ou qui vivent la perte d’un enfant.

Or, si cette femme avait bien lu mon texte avant de formuler son commentaire, elle aurait appris que ma première enfant était très lourdement handicapée et qu’elle est décédée subitement à l’âge de 2 ans et demi. Elle aurait donc su que j’étais bien placée pour comprendre ce vécu auquel elle faisait référence. Bien sûr, le fait de ne pas avoir atteint mon petit objectif d’accoucher sans épidurale n’est aucunement comparable à la douleur émotionnelle que j’ai pu vivre (et que je vis toujours) face à la maladie et à la perte de ma fille. J’estime tout de même avoir le droit de ressentir une (très) légère déception face à la prise de l’épidurale. Légère déception qui ne m’empêche pas du tout de dormir, soit dit en passant.

Mon expérience n’est qu’une infime goute d’eau dans l’océan des blogues. Malheureusement, plusieurs ont eu à faire face à ce genre de commentaires, que ce soit sur TPL Moms ou sur d’autres sites.

J’ai l’impression que, devant leur ordinateur, les gens oublient qu’ils s’adressent à de vraies personnes. Ils semblent alors négliger l’impact que leurs propos peuvent avoir sur l’auteur(e) du texte qu’ils commentent. Je ne suis pas certaine qu’ils se permettraient ce genre de commentaires s’ils n’étaient pas cachés derrière un écran.

La maternité ou les maternités?

De plus, je constate que dès qu’une mère émet une opinion sur sa maternité ou partage son ressenti, d’autres mères semblent se sentir jugées dans leur propre maternité. Comme si le fait de ne pas partager le même vécu invalidait d’emblée le leur.

Peut-on seulement s’exprimer sur notre maternité sans recevoir une horde de commentaires négatifs ou sans que d’autres mères se sentent attaquées ou diminuées? Peut-on seulement être accueillies dans nos émotions et dans notre vécu, aussi banals soient-ils? Peut-on accepter que la maternité puisse nous faire vivre toutes sortes d’émotions, très différentes d’une personne ou d’une situation à l’autre? Peut-on se soutenir plutôt que de se juger mutuellement? Peut-on tenter de comprendre le vécu de l’autre, même s’il nous semble en marge de ce que nous connaissons ou expérimentons?

Qu’en pensez-vous?