Depuis l’arrivée de mes enfants, j’ai à peu près tout fait pour camoufler mon anxiété devant eux. Ils n’ont jamais été témoins de mes peurs, phobies, crises de panique. Naïvement, je me suis dit que je réussirais à briser le cercle familial qui perdure depuis plusieurs générations de personnes tourmentées, insécures, malades… Puis, récemment, mon fils a commencé à se plaindre de symptômes qui me sont beaucoup trop familiers: maux de cœur, difficulté à respirer, peur de la nouveauté, inquiétudes non fondées. C’est donc avec beaucoup de tristesse que je me rends à l’évidence: je lui ai « transmis » mon anxiété, malgré toutes mes précautions.

Comme parent, c’est vraiment troublant de voir son enfant souffrir ainsi. Au départ, j’ai été envahie de culpabilité à la vue de ses petits yeux paniqués me suppliant de l’aider à retrouver une vie normale. Je me sentais comme si son anxiété provenait directement de moi. Après tout, n'était-ce pas MA génétique qui l’avait rendu ainsi? J’avais peine à croire qu’il serait, comme moi à son âge, prisonnier de ses pensées irrationnelles, coincé dans sa propre prison mentale. J’aurais souhaité prendre ses inquiétudes sur mes épaules et lui redonner sa vie d’enfant… facile, légère et libre de tourments.

Le seul avantage d’être une maman anxieuse qui a un enfant anxieux, c’est que je suis passée par là. Ma nouvelle mission, c’est d’équiper mon fils comme un champion pour qu’il apprenne à gérer ses craintes au quotidien. Je ne veux pas seulement lui donner quelques outils, mais le coffre au complet! Consultations avec un psychologue, exercices de respiration, beaucoup de placotage pour désamorcer les situations stressantes... L’investissement financier et en temps ne sera jamais trop grand pour qu’il se dote de solutions qui lui serviront toute sa vie.

Je fais aussi tout en mon possible pour ne pas lui transmettre ma peur de le voir anxieux. Parce que deux peureux ensemble, ça ne réglera pas grand-chose! J’essaie donc de me montrer réconfortante, confiante et solide. Cela ne m’a pas empêchée de lui raconter mes épisodes anxieux de jeunesse afin qu’il se sente moins seul dans sa situation et qu’il comprenne mieux cette fragilité qui l’habite. J’ai également osé lui dire que parfois, j’avais encore quelques montées de panique en moi, mais que je réussissais dorénavant à bien les gérer. J’ai pu lui transmettre mes trucs avec encore plus de crédibilité et le regarder les mettre en application.

À travers cette période plus difficile pour lui, il y a quelques petites victoires qui font du bien. Son sourire moins présent depuis quelques semaines revient tranquillement. Il recommence, avec notre aide, à fréquenter certains lieux publics qu’il avait bannis. Il est capable de nommer des points positifs dans chacune de ses journées malgré les moments d’anxiété. Puis sa belle sensibilité, son empathie légendaire pour son jeune âge, la douceur de ses paroles et son affection pour ceux qu’il aime n’ont pas changé. Il est tel qu’il est avec ses forces et ses défis; il est juste parfait.