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Pourquoi j’impose les cours de piano à mon fils
Crédit: StockSnap / pixabay.com

Dans ma maison, il y a le piano familial. Il a littéralement atterri chez nous, au troisième d’un triplex du Plateau, au moyen d’une grue. Il trône dans le salon, il a encore l’odeur de la maison de ma tante, il a un son doux et juste. Je l’aime.

 

Faire apprendre le piano à mon enfant était pour moi d’une logique pure. J’ai toujours voulu faire de la musique, j’ai étudié le piano pendant près de 15 ans, mais j’ai commencé beaucoup trop tard pour en faire une quelconque profession. Idem pour mon mari. Et comme on projette toujours un peu (trop) sur nos enfants, nous avons décidé que les nôtres auraient la chance de l’apprendre en bas âge. Pas pour en faire des Mozart, mais juste pour leur en donner l’opportunité (à prendre ou à laisser!).

 

Quand mon fils a eu 4 ans, je l’ai inscrit à des cours de piano de groupe. Son intérêt était plus que timide. À vrai dire, il n’aimait pas. Il trouvait cet apprentissage ardu, se décourageait, avait peine à se concentrer. Il est vrai que la formule du cours n’était pas du tout appropriée pour lui: une heure de cours, mi-piano, mi-éveil musical, de 17h à 18h, après la journée de garderie et à l’heure du souper. Mais c’était la seule offre… Les pratiques à la maison étaient généralement satisfaisantes (d’un point de vue technique) et bien calées dans la routine du matin. Sa progression m’impressionnait, mais son amour de l’instrument restait au point mort. Il continuait de rouspéter, et trop souvent, les pratiques se terminaient dans les cris, les larmes et même les chicanes, parfois. Il avait une attitude de &?#%@*, était fermé à tout conseil, se fâchait contre moi, refusait de m’écouter. Il y a eu les tableaux de motivation, les tatous récompenses, les pep talk, les explications, les jeux, les négociations… tout y est passé pour rendre nos périodes de pratique moins pénibles (et, éventuellement agréables). Il voulait juste tout lâcher, trop dur, et moi je voulais abandonner, trop demandant.

 

Mais je connais mon fils et je sais que la difficulté a tendance à le décourager. Il est un enfant sportif et vif d’esprit, assoiffé de sensations fortes et d’apprentissages. Apprendre lui a été facile jusqu’ici dans sa vie. Alors, j’ai décidé qu’il nous fallait persister, qu’il me fallait insister. Parce que ce ne sont pas tous les apprentissages de la vie qui lui seront aussi simples. Lire n’est pas nécessairement aisé, écrire peut être ardu, compter demande concentration et patience. Très bientôt, l’école va lui offrir d’encore bien plus grands défis d’apprentissage et lui permettre d’abandonner le piano serait l’équivalant de lui donner un billet gratuit à tout lâcher quand ça devient trop dur. J’ai réalisé que mon fils n’apprend pas le piano au final, il apprend à apprendre.

 

Aujourd’hui, il fait du piano depuis maintenant un an et demi. Il a une nouvelle professeure absolument merveilleuse qu’il adore bien qu’il déteste toujours autant le piano. Les pratiques à la maison sont encore trop souvent à mon goût des épreuves mentales (pour lui, comme pour moi), mais je tiens bon et lui aussi. Parfois, ça se passe bien et nous nous amusons. Je tente du mieux que je peux de lui faire comprendre qu’une bonne attitude engendre une pratique rapide, efficace et agréable versus une mauvaise attitude qui amène nécessairement une pratique longue et pénible. Il comprend lentement, mais sûrement, le concept…

 

D’ici deux ou trois ans, il pourra arrêter le piano s’il le souhaite toujours. Le travail psychologique de l’apprentissage devrait être complété (je l’espère). Il se choisira l’instrument qu’il voudra ou un aucun, si c’est vraiment ce qu’il veut. Mais il connaîtra la musique et s’il l’aime, elle sera son amie pour la vie. S’il ne l’aime pas, tant pis (pour lui)!

 

 

 

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