J’aime mes enfants. D’un amour inconditionnel, d’un amour qui est tellement fort qu’il fait mal. J’irais au bout de la Terre pour eux et leur donnerais tout ce que je possède et encore plus. Je les trouve beaux, je les trouve bons. Ils sont les deux êtres les plus exceptionnels au monde et ce sont les miens. 

Mais parfois, je voudrais ne pas être maman. Juste l’idée d’avoir cette pensée dans ma tête me fait sentir tellement, mais tellement coupable. Honteuse. Mais c’est la vérité. Ça vient en vague, ça arrive et ça repart. Parfois, ça reste un peu plus longtemps, mais en général, ce n’est qu’un coup de vent. Je les ai tellement voulus, désirés. Et je sais à quel point je suis privilégiée d'avoir ce rôle. 

Ça n’a rien à voir avec eux. Ce n’est pas parce qu’ils sont tannants ou à cause de quelque chose qu’ils font. Ce n’est pas seulement à cause de la charge mentale qu’être maman occasionne, ni de l’angoisse que je ressens maintenant à tous les jours. 

Bien sûr, parfois, je jalouse mes amies sans enfants qui sont libres comme l’air de faire ce qu’elles veulent, quand elles veulent. De les voir se lever tard le weekend et écouter des séries en rafale les jours de pluie. De partir sur un coup de tête en roadtrip d’amoureux. De dépenser leur argent pour des affaires ben ben le fun. Mais ce n’est pas pour ça que parfois, je ne voudrais pas être maman.

La vérité, c’est que depuis que je suis maman, je suis une moins bonne version de moi-même. Voyez-vous, je suis vraiment une bonne mère, enfin je crois. Pas une mère parfaite, pas une mère indigne. Juste une maman qui fait vraiment de son mieux et qui croit donner le maximum d’amour, d’équilibre et d’autorité à ses enfants. 

Mais être cette maman prend toute mon énergie. Et du coup, je suis vraiment une moins bonne personne dans toutes les autres facettes de ma vie. Je ne suis plus l’amie que j’ai déjà été et qui est là pour les autres. J’écoute du coin de l’oreille et les problèmes des autres m’épuisent.  Je ne suis plus l’amoureuse généreuse que j’étais. L’employée efficace et dévouée. La voisine consciencieuse. La fille inquiète qui prend des nouvelles de ses parents. 

Je ferais tout pour mes enfants, mais je ne fais plus grand-chose pour le reste. Ma maison est à l’envers. J’achète des sacs Ziplocs même si c’est mauvais pour l’environnement. Mon hygiène personnelle est parfois douteuse. Je n’ai pas mis mon budget personnel à jour depuis 2017.

J’ai parfois l’impression d’être fragmentée, divisée. Et comme tout appartient à mes enfants, il ne reste que quelques miettes ici et là à répandre au reste. 

Et c’est pour ça que certains jours, je voudrais mettre ma vie de maman sur pause. Retrouver la personne que j’ai déjà été. Celle qui était excellente dans tout et qui avait encore de la place pour plus. Je suis nostalgique d’une vie où mes accomplissements étaient les miens et non pas ceux vécus par proxy de mes enfants. 

Et peut-être qu’un jour ça reviendra. Mes enfants vont grandir et devenir de plus en plus indépendants. Et au travers de cette indépendance, je retrouverai la mienne. Mais pas pour l’instant.