On le constate bien assez vite; les enfants sont curieux de nature. Mais comment préserver cette curiosité, comment la mettre au profit de l'apprentissage et du développement? Ce sont des questions que se posent bien des parents et sur lesquelles s'est penchée Catherine L'Ecuyer, auteure du bestseller Cultiver l'émerveillement, publié en 8 langues dans une soixantaine de pays.

Cette docteure en sciences de l’éducation et psychologie originaire du Québec et mère de 4 enfants a d'ailleurs généreusement accepté de répondre à quelques-unes de nos questions. 

 

Crédit:Crédit: Éditions Québec Amérique

Est-ce que parent pressé = enfant stressé?

Pour tous les parents pressés, la bonne nouvelle c'est qu'on peut se tranquilliser et se détendre. Il n'est pas nécessaire de remplir l'agenda de nos enfants comme s'ils étaient des PDGs d'entreprise, ou de faire des pirouettes pour qu'ils apprennent et s'intéressent à ce qui les entoure. L'enfant dont le désir de connaître n'a pas été étouffé par la surstimulation s'intéresse naturellement au monde qui l'entoure. Pour ce faire, il ne suffit que de respecter ses rythmes et les étapes de l'enfance. Il n'est pas non plus nécessaire de faire des pieds et des mains pour que l'enfance soit merveilleuse et magique. L'enfance est, en elle-même, merveilleuse et magique.

 

Est-ce que trop d'activité tue l'activité?

L'enfant apprend à son rythme et, avant six ans, principalement à travers les relations interpersonnelles et les expériences sensorielles. Le rythme effréné, le bruit, les écrans et la surconsommation saturent les sens et empêchent l'apprentissage spontané. Mordre dans une pomme croquante, trouver l'approbation dans le regard d'un parent, chercher la meilleure façon de construire une cabane dans un arbre (et peut-être même se rendre compte que ce n'est pas possible), semer le chaos dans une colonie de fourmis... ce sont des expériences qu'aucune technologie ne peut égaler.

 

Pourquoi avoir écrit ce livre?

J'ai écrit ce livre sans la prétention d'en faire un bestseller. Je me disais que j'allais intéresser mes quinze amies sur le sujet. Mon livre est un plaidoyer en faveur de l'enfance. L'enfant n'est pas un petit adulte inachevé. Il est l'adulte de demain, mais pour y arriver, il doit d'abord vivre son présent intensément, on doit lui accorder le droit d'être un enfant.

 

Vos enfants ont de la chance de vous avoir. Sentez-vous qu'ils sont différents du fait d'avoir le privilège de cultiver l'émerveillement?

Je ne suis pas une mère parfaite. Les mères parfaites n'existent pas. On n'a pas d'idée à quel point le mensonge de la « mère idéale » a fait des ravages. Je défends la maternité imparfaite, celle qui fait de son mieux, qui se trompe, qui demande facilement pardon, qui se relève et qui se dépasse chaque jour pleinement consciente de sa condition d'imperfection.

C'est cette maternité qui change des vies, une à la fois. L'avantage de reconnaître notre imperfection, c'est que les enfants ne la découvriront jamais avant nous. En fait, l'autorité éducative ne vient pas de la perfection de celui qui l’exige, elle vient de la grandeur de celui qui reconnaît ses erreurs et qui est prêt à pardonner celles des autres.

 

Que conseilleriez-vous aux parents qui travaillent beaucoup et qui se culpabilisent?

Je n'ai qu'un conseil à donner, c'est celui de n'obéir à aucun conseil. L'industrie du conseil empaqueté a réduit les mères à des exécutrices de conseils. La famille est libre de décider ce qui convient à ses enfants et doit urgemment récupérer ce rôle, qu'elle abdique trop souvent en faveur de l'industrie de la technologie, des gouvernements, ou de certains experts qui semblent tout savoir, mais qui ne connaissent pas nos enfants.

Mais pour bien exercer cette « compétence », il faut connaître les enjeux et les conséquences de nos décisions. Il est donc nécessaire de s'informer au sujet de la scolarisation précoce, de l'effet des écrans, de la surstimulation, etc. Une fois informés, les parents peuvent prendre leurs décisions libres et éclairées, donc responsables, sans que personne n'ait le droit de les juger. Personne ne peut leur cacher l'information sous prétexte qu'il ne faut pas leur créer de culpabilité. L'attitude du parent responsable est celle de celui qui dit « Donnez-moi toute l'information, et ensuite je déciderai si je veux ou non me sentir coupable ».

Le livre Cultiver l'émerveillement: Comment préserver la soif d’apprendre de nos enfants est disponible en librairie.

Que faites-vous pour cultiver l'émerveillement de vos enfants?