Trois semaines de préavis, c’est ce que j’ai eu pour me préparer mentalement à mon départ pour mon cours militaire de base. Je revenais tout juste de mon congé de maternité et mon fils venait de commencer la garderie. J'étais complètement terrifiée à l'idée d'être loin de mon bébé et de laisser mon chum en charge. La nuit précédant mon départ, j'ai bercé mon fils en pleurant toutes les larmes de mon corps.

Être loin de ma famille n’était pas une partie de plaisir, mais mes journées étaient tellement chargées que je n’avais pas vraiment le temps de m’ennuyer ni de penser. 

Puis, j'ai revu mon garçon pour la première fois une semaine avant ma graduation, à l’aéroport. Je n'oublierai jamais la panique dans son regard lorsque mon chum a été chercher la valise. Mon fils se débattait en hurlant dans sa poussette comme s’il venait d’être kidnappé. Ébranlée par sa réaction, je retenais mes larmes du mieux que je pouvais. 

Mon retour a été tough. J'avais l'impression d'être une étrangère dans ma propre maison. Je n'étais plus sa préférée, notre lien était brisé. Un énorme sentiment d'impuissance m'habitait. J'étais tout simplement incapable de décoder les besoins de mon fils et de répondre aux attentes de mon chum. J’étais un brin jalouse de leur complicité. Le moment où je me retrouvais seule avec mon gars, j'étais en mode panique. Je n'avais plus confiance en mes capacités parentales, c’est comme si mon instinct maternel était à off

Aussi, dès mon retour à la maison, je me suis donné la mission de faire le ménage, faire les lunchs et cuisiner, car cela me donnait l’impression d’être utile, de servir à quelque chose. Quelques semaines sont passées et j’ai constaté que je passais peu de temps avec mon fils et que j’accordais trop d’importance à mes tâches ménagères. Incapable de verbaliser mes émotions, je m’énervais pour un rien, je me couchais épuisée, mais surtout découragée. 

Au total, j'ai été absente six mois. Cela a été une longue période d'adaptation et d'ajustement pour toute la famille. Je n’ai jamais regretté d’être partie, car c'était ma décision et je suis fière d’être militaire. Graduellement, j’ai cessé de m’enfermer dans la maison et j’ai commencé à sortir de ma coquille. J’ai travaillé fort pour me réapproprier mon rôle de mère et reprendre ma place dans la vie de mon fils. Ç'a été très long avant qu’il se réhabitue à ma présence, mais ma patience a porté fruit.

L'autre jour, je suis allée le déposer à la garderie et il a fait une crise quand j'étais sur le point de partir et ça m'a fait chaud au cœur. 

J’admire et lève mon chapeau à tous les parents militaires qui restent derrière et/ou qui s’absentent tout au long de leur carrière, vous êtes mes héros.