« Tu dois enfanter. » Bon, on ne m’a jamais dit cette phrase textuellement, mais j’ai souvent ressentie la pression du comme si. Tous les : « Attends, tu vas voir quand tu vas vieillir. » ou « Attends de voir quand ta sœur en aura. ». Je me suis fait répéter ces phrases si souvent qu’elles n’ont aucun sens encore à ce jour.
J’ai passé 24 ans à crier haut et fort que je ne voulais rien savoir d’être mère. Oui, j’ai finalement changé d’idée, mais pas pour les raisons que vous croyez. Il m’a fallu plus que vieillir ou de voir mes proches et amies devenir des mamans avant de dire que je voulais l’être. Je n’ai jamais eu un intérêt pour les enfants et, encore aujourd’hui, je n’accoure pas nécessairement vers tous les enfants, parce que ça ne me tente juste pas (est-ce que ça fait de moi une mauvaise personne?).
Pour faire une histoire courte, mes parents sont restés ensemble pour les enfants et non par amour. Cette décision ne m’a pas brisée, mais elle a affecté mon jugement. Mon cerveau d’enfant a associé qu’un enfant détruisait un couple et ma tête d’adolescente qui a vécu la séparation de mes parents a amplifié cette affirmation. Je ne comprends pas, encore aujourd’hui, pourquoi on se décide de se donner autant quand l’amour s’éteint.
À l’aube de ma vie d’adulte, je me suis exilée à trois heures de tout mon univers avec mon copain. Entre ces périodes de vie où l’on se développe en tant qu’adulte et qu’on apprend les rouages de la vie, j’ai découvert cet homme. Ce pilier, cette stabilité nécessaire dont je ne savais pas que j’avais besoin pour me construire. Dans mon cas, il me fallait trouver la bonne personne. J’avais besoin de trouver quelqu’un qui serait mon phare en tempête, et ce, peu importe les situations de la vie. Les circonstances de la vie ont fait en sorte que nous avons vécu beaucoup de choses; les pires tempêtes semblent toujours être une petite pluie d’après-midi au final quand il est à mes côtés.
J’ai dû aussi travailler sur moi, sur ma mentalité. J’ai appris à lâcher prise des passages noircis de mon existence et accepter. Accepter mes travers, mes incertitudes, mes insécurités et comprendre que je suis comme ça à cause de ce que j’ai vécu. Je ne peux pas changer, mais je sais maintenant mettre un stop quand mes travers prennent le dessus. Donc, ça a pris six ans à mon maintenant mari pour me faire comprendre que certains cycles ne se répètent pas quand on y travaille.
J’ai réalisé que je voulais des enfants, tout bonnement lorsque je serais prête, lorsque ma tête et mon cœur le voudraient, sans aucune presse. Je suis devenue cette personne résiliente qui a choisi d’être mère, car je me sens bien dans ma tête et dans mon cœur. Moins de deux ans plus tard, nous nous sommes mariés un soir d’août et dans le plus grand secret des Dieux, nous avons choisi ce moment pour commencer notre famille. J’ai découvert un dimanche matin froid de mars que j’attendais mon premier enfant et j’ai plongé dans l’aventure, deux fois plutôt qu’une, lorsque le deuxième + est apparu l’été suivant.
Non, ce n’est pas un texte sur le besoin ou le pouvoir d’enfanter. C’est simplement mon histoire. Je ne changerais rien à ma vie et ce surplus de bonheur me fait le plus grand bien, mais je suis sincère en disant que si certaines décisions avaient été prises différemment, je n’aurais pas eu d’enfant. Je ne m’en cache pas, mon mari a joué un grand rôle dans cette histoire. Ma nouvelle mentalité y est aussi pour quelque chose; si je n’avais pas appris à lâcher prise sur mon passé et voir différemment les choses, je n’aurais toujours pas d’enfant aujourd’hui.
Bref, avoir des enfants ou non, c’est votre décision peu importe les raisons. Je tiens seulement à vous dire que vous n’êtes pas seul.e à douter et que c’est normal de parfois avoir besoin d’un peu de support et de courage dans les moments d’isolement. Je le sais, je l’ai vécu et je vous comprends.