Aujourd’hui, j’écris pour toi. Toi qui vient d’ajouter « mono » à ton qualificatif parental. Toi pour qui « garde » sera toujours suivi du mot « partagée ». Toi qui vois ton rêve de p’tit môme s’écrouler. De l’amour, des enfants et une grande maison à la campagne. Si ce n'était pas le tien, en tout cas c’était le mien. C’est de sa faute, pas de la tienne. Ou bien l’inverse, on l’sait pu. Maintenant, ta maison pleine est rendue vide par bouttes. Pis ça fait mal. 

Tu as le dessous des yeux noirci et tu te demandes comment patcher le trou que tu as dans le coeur chaque fois qu’ils partent chez ton ex. Chaque fois que tu dois expliquer que, non, ce soir, ce n'est pas toi qui ira les chercher.

Tu t’ennuies de la fichue Pat’Patrouille à 6h le samedi matin. Parce que le silence, t’en as soupé. Il t’écoeure. T’en veux pu. Mais c’est comme les factures, ça revient toujours pis ça te dépouille de ce que tu as fait comme réserves. Des bisous et des câlins, ça ne s’emmagasine pas. 

Tu comptes les dodos avant que tes p'tits reviennent, avant de respirer à nouveau. C’est long, c’est interminable. Comme quand tu sautes trop creux dans la piscine et que tu ne penses pas remonter à temps. Parfois, tu te dis que ça ne sert à rien de continuer, mais tu t’accroches à leurs petites mains à eux, pour t’ancrer au sol. Pour t’éviter de t’envoler. 

Je sais que c’est dur. Que la douleur est parfois intolérable. Je sais que ça fait mal comme ça n’a jamais fait mal avant. Que tu préférerais qu’on t’arrache tout, mais pas tes enfants. Que t’as envie de hurler quand on te dit que t’es à demi parent. Que « t’es bien », qu’au moins toi « t’as des congés ».

J’ai envie de te dire que tu n’es pas seul.e. Que le trou béant dans ton coeur ne sera pas toujours là, même si en ce moment, tu ne vois que ça. Que ton travail de parent, même à demi-temps, il est tellement important. Que dans leurs petits yeux, tu es la plus belle des personnes même si toi, dans le miroir, tu ne te reconnais même plus. 

La vie c’est tough par bouttes. Si c’était un livre, crois-moi, j’aurais sauté une coupe de paragraphes et même des chapitres entiers. Il y a des passages qui marquent de manière indélébile. Qui nous changent à tout jamais. 

J’ai envie de te dire de prendre ton temps. D’être doux ou douce avec toi-même. D’arrêter de porter tout sur tes épaules. Elles sont larges, elles sont fortes, tes épaules, mais elles n’ont pas à tout tenir. Comme tout le monde, elles ont besoin d’un break, pis toi aussi. 

Avec tout ce que tu as traversé, t’es fatigué.e. Même si t’es fait.e fort.e, t’es pas obligé.e de vivre ça seul.e. Appelles une ligne d’écoute, ton CLSC ou ben un.e ami.e. Ne reste pas seul.e dans tout ça. 

Fais-moi confiance. Je te promets qu’il y a encore beaucoup de beau en avant de toi. 

Si vous avez besoin d'aide, contactez la Ligne québécoise de prévention du suicide: 1-866-APPELLE (277-3553) ou Info-Social: 8-1-1