Nous revenons tout juste d’une semaine de vacances en famille au Mexique. Dans l’avion, l’agent de bord a demandé à mon garçon de 4 ans si c’était son premier vol. Tout fier, il a répondu que non, c’était sa quatrième fois. Le voir descendre lui-même la tablette devant lui et nous parler du fonctionnement des toilettes m’a fait réaliser que pour lui, faire des voyages était quelque chose de bien normal. 

Voyez-vous, nous avons ce privilège. Oui, mon conjoint et moi travaillons fort et nous économisons nos sous, mais ce sont un paquet de circonstances qui font en sorte que nous avons ce privilège. Plus mes enfants vieillissent, et plus je réalise que leur vie est pas mal ouatée. 

Je n’ai pas grandi avec beaucoup d’argent et ma mère monoparentale faisait son gros possible pour joindre les deux bouts. Ma soeur et moi n’avons manqué de rien, mais le luxe ne faisait pas partie de notre vie. Nous avions une seule paire de souliers. On ne mangeait pas au restaurant. Et surtout, on ne voyageait pas. La première fois que j’ai pris l’avion, c’était dans la vingtaine et j’ai payé moi-même mon billet. 

J’ai peur que mes enfants deviennent pourris gâtés. Qu’ils ne soient pas reconnaissants et qu’ils croient que tout leur est dû. Et surtout, qu’ils ne reconnaissent pas leur privilège. Parce qu’au-delà de l’argent, ils sont aussi privilégiés. Des futurs hommes, blancs, sans handicap, évoluant dans un milieu socio-économique assez aisé. Ils ont accès à l’éducation, à des soins de santé, à des professionnels. Ils ne se demandent pas s'ils auront un prochain repas sur la table ou s'ils auront un endroit où dormir ce soir. Et je ne veux jamais, au grand jamais, qu'ils prennent cela pour acquis. 

Je me demande souvent comment faire pour qu’ils aient conscience de leur chance. Qu'ils sachent que la vie n’est pas facile pour bien des gens et que le sort est souvent injuste. Qu’ils ne croient pas que tout va toujours leur tomber tout cuit dans le bec. Et surtout, qu’ils soient ouverts d’esprit, qu’ils ne jugent pas et qu’ils aident leur prochain. Ce serait vraiment ça ma plus grande réussite en tant que maman. 

Je lisais un peu sur le sujet et en général et on conseille de travailler le sujet sur 3 fronts:

1- Être ouvert à apprendre des nouvelles choses et à voir le monde sous différentes facettes.

2- Avoir une humilité par rapport à nos circonstances et reconnaître les réalités différentes.

3- Prendre conscience de ce qu’est le privilège en soi: que dans des circonstances similaires, la vie est plus difficile pour certaines personnes (exemple: l’hiver est difficile pour tout le monde, mais bien pire pour les gens qui n’ont pas accès à des vêtements chauds).

Le concept en soi peut être difficile à comprendre, même pour des adultes. Alors, plus on l’expose rapidement à nos enfants, plus la compréhension se fera naturellement. Et plus on leur explique qu’ils doivent utiliser leur position afin de supporter ceux qui en ont besoin, plus nous élèverons une génération de bons humains. 

En cas de doute sur votre propre privilège, faites donc ce petit test (en anglais).