Comme à la suite d’un deuil, la première année qui suit une séparation est marquée par une série de vides. Un enchaînement de premières fois sans… une famille unie. Certains événements sont plus faciles à affronter comme au resto avec une amie, à boire et pester contre l’homme moyen. Mais Noël, c’est une fête familiale. De mon côté, je me suis séparée en novembre. Noël est donc arrivé bien vite.
Comme parent, on souhaite à tout prix épargner les enfants et faciliter la transition pour eux. À l’époque, nous faisions déjà un souper « à 4 » chaque semaine. L’idée était de préserver un moment, un espace avec NOUS. De prendre une pause, une fois par semaine. Du coup, nous avons célébré Noël à 4, aussi.
Nous nous sommes rejoints le 25 décembre au matin, chez mon ex, pour déballer les cadeaux et déjeuner ensemble. Nous avons fait la même chose pour les anniversaires qui ont suivis la séparation. Je me souviens de notre son appartement. Nous avions acheté plusieurs cadeaux « de nous deux ». Nous avons ri de la grosseur démesurée du sapin, de la dureté du nouveau divan. J’ai souligné le réaménagement de l’espace, ça faisait plus grand. Je me souviens d’être restée environ 2 heures. Les enfants étaient contents qu’on soit tous ensemble. Fêter Noël en famille, ça allait de soi.
Je vous entends penser d’ici… Oui, c’est excessivement difficile! Il faut refouler nos larmes, un sourire forcé aux lèvres. Il faut discuter de la pluie et du beau temps, malgré les émotions à fleur de peau, malgré la gorge qui serre. Ce n’était pas pour nous, c’était pour eux… Nous voulions que tout soit normal, même si plus rien ne l’était. Pour moi, ce premier Noël fait partie de tous ces premiers moments où on se dit: « il FAUDRAIT sûrement être ensemble, pour eux ».
Les photos de ce Noël, comme celles de la fête de ma fille le 17 novembre, me laissent (même trois ans plus tard) un souvenir amer. Les enfants sont heureux. Les commentaires vont de « Que vous êtes beaux! » à « Oh! Le gâteau!!!!!!!! ». Du bonheur!
Moi, je me souviens de la lourdeur. Je me souviens de m’exclamer « Oh wow! » à chaque surprise. Je ne voulais pas qu’ils soient tristes, je me sentais coupable qu’on leur inflige cela. Je me souviens d’avoir dû réexpliquer que non, je n’habitais plus là. Je suis rentrée seule chez moi. Je me souviens qu’une journée de Noël peut être bien silencieuse.
Avec le recul, je ne regrette pas ce premier Noël. Nous voulions que la coupure se fasse graduellement pour les enfants et qu’ils puissent vivre un moment d’amour avec leurs 2 parents, malgré les circonstances. Nous voulions qu’ils ressentent bien que, même si nous n’étions plus des amoureux, nous restions des parents unis.
Comme toutes les premières fois qui suivent une séparation, cela demeure excessivement douloureux. Si c’est votre cas cette année, je vous assure qu’il y aura des Noëls plus doux.