Bon, est-ce que tu es prête? Non? Je m’excuse, mais il faut qu’on s’en parle, Isabelle. Il faut qu’on se parle de ce qui s’est passé la dernière fois, pendant tes dernières semaines de grossesse. T’es prête? Moi non plus…

Tu as fait comme une petite dépression. À vrai dire, je ne sais toujours pas comment on l’appelle… Est-ce "juste" une petite déprime ou une dépression? Ou une petite bête noire dans le décor?

Ce petit besoin qui te rongeait de l’intérieur, ce vide qui se faisait plus lourd dans tes bras jour après jour et qui creusait son trou dans ton cœur.

Oui, tu étais déprimée de ne plus être capable d’attendre, tu avais besoin de ton enfant dans tes bras, de la voir avec tes yeux. Tu avais dépassé le stade de la fille qui est à boutte d’être enceinte, tu voulais juste ton enfant.

Tu t’es renfermée sur toi-même avec ce vide qui te grugeait, tu maudissais ceux qui te demandaient : « Pas encore accouché? Comment vont les contractions aujourd’hui? »

Tu te souviens de ces nuits, incapable de dormir, à attendre de voir si c’était encore une fausse contraction ou enfin le vrai travail qui se décidait à commencer. Tu as passé les quatre dernières semaines à calculer ces douleurs, déçue de voir qu’après 45 minutes de stabilité, tes contractions partaient tout croche ou arrêtaient.

Tu te souviens encore de la fois, du haut de tes 39 semaines, semi en pleurs, semi en colère, où tu as dit à ton mari : « Je veux ma fille! » sans qu’il sache la réelle détresse derrière ces quatre mots. Ces larmes que tu cachais en les justifiant par un surplus d’hormones sur le moment.

Aujourd’hui, tu vois arriver la 32e semaines de cette deuxième grossesse et tu es anxieuse de voir si tu vas revivre cette petite bibitte-là. Rappelle-toi : tu es passée au travers. Un petit peu dans la brume et armée du peu de patience qu'il te restait, mais tu es passée au travers la dernière fois. Tu l’as accueillie à bras ouverts à 41,1 semaines parce qu’elle n’était aucunement pressée de sortir (petite tannante d’amour).

Si ça arrive encore cette fois, parles-en, ne reste pas silencieuse dans ton coin. Même si tu n'as réussi à l’avouer que des mois et des mois plus tard, ça t’a fait du bien. Colle-toi sur la plus vieille en te disant que ça va passer pour qu’elle profite de ces derniers moments, juste elle et toi.

Avez-vous vécu quelque chose de semblable avant votre accouchement?