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Je n’étais qu’une enfant et je m’automutilais
Crédit: Aimee Vogelsang - Unsplash

Je suis née dans une bonne famille, avec des parents aimants et présents. J’étais valorisée, encouragée et supportée. Pourtant, je suis devenue celle qui m’a le plus fait de mal. Un jour, j’ai commencé à me détester et pour me punir, je m’automutilais.

C’est encore tabou. Peu de gens de mon entourage le savent. Bien que j’aie eu honte longtemps de ça, ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est très insidieux. Cette haine s’est installée sournoisement et je me souviens que ça a commencé quand j’avais 9 ans. Mon père a quitté ma mère; il est parti sans dire où il allait. Je jonglais avec un sentiment d’abandon et une culpabilité incroyable. C’était MA faute! C’est à ce moment que j’ai commencé à me frapper.

Photo par Cassidy Kelley – Unsplash

Au début, c’était léger; quand je perdais aux jeux vidéo, je me frappais à coups de poing sur les cuisses. Puis, quand mes parents se disputaient « à cause de moi », la colère montait comme un volcan sur le point d’exploser et pour soulager cette tension, je pouvais me frapper à grands coups de poing sur la tête. C’est difficile de me replonger là dedans et le pire dans tout ça, c’est que ça a duré des années.

Cette tendance à me culpabiliser pour tout ce qui survenait dans ma vie s’est accentuée avec l’intimidation que je me suis mise à subir à l’école. On riait de mon physique et on inventait toutes les pires histoires inimaginables à mon sujet. Je n’étais alors plus la seule à me faire du mal! J’avais donc raison de me détester. J’en suis venue à me mépriser complètement et me punir physiquement régulièrement.

Les années ont passées, l’intimidation m’a suivie jusqu’au secondaire. Mon père revenait et repartait et chaque fois, je me sentais coupable. Puis, j’ai rencontré l’amour de ma vie. Ça ne pouvait pas être facile, j’étais brisée en dedans. Je ne faisais confiance ni aux hommes ni à moi-même et je croyais que je ne valais rien.

On ne s’est jamais autant chicané que durant notre première année de couple. Je me souviens d’un soir où j’ai fait un trou en me frappant la tête dans le mur. Mon chum était tellement démuni devant cette violence que je m’infligeais.

Photo par Camila Quintero Franco – Unsplash

Quand s’est fait le déclic? Comment ai-je réussi à m’en sortir?

Enceinte de ma première fille, j’ai le souvenir d’avoir blessé mon amoureux en lui passant le couteau alors qu’on cuisinait. Il saignait beaucoup. J’ai dérapé. Tellement convaincue d’être la pire chose sur Terre, je me suis mise à me frapper si violemment que je me suis arrêtée brusquement. Réalisant que je portais la vie en moi, que bientôt je serais un modèle pour cette petite fille. Mon souhait le plus cher était qu’elle s’aime et se respecte. Je me suis promis de ne plus jamais me faire de mal.

Chaque jour, je m’efforçais de me regarder dans le miroir et de nommer à voix haute une chose que j’aimais de moi. Au début, c’était impossible. Je me pilais sur la tête depuis 10 ans. Je complimentais mes vêtements ou mes goûts musicaux. Ridicule? Non. Ça m’a permis d’être douce avec moi-même. Peu avant la naissance de ma fille, je reconnaissais enfin ce que je vaut en tant qu’être humain, mes forces, mes qualités et j’étais capable de les nommer. Apprendre à m’aimer, à me faire confiance et réaliser que je suis réellement une personne au grand coeur m’a permis de ne plus ressentir de colère envers moi-même. Et le besoin de me punir physiquement est disparu.

Je peine à comprendre tout le mal que ma mère et mon chum ont dû ressentir de me voir m’autodétruire de la sorte. Mais jamais il ne m’ont abandonnée. Encore aujourd’hui, j’ai du travail à faire, car je suis complexée physiquement. Les blessures de l’intimidation ont laissé de profondes cicatrices sur mon estime.

Photo par Isabelle Comtois

Je me suis fait un cadeau dernièrement. Suite à toute cette violence, j’avais plein de petites veines brisées sur une des mes cuisses. Des marques qui me rappelaient combien je m’étais haïe. Je les ai cachées par un magnifique tatouage.

N’ayez pas peur d’en parler. Vous n’êtes pas seul.e. Entourez-vous d’anges gardiens qui vous apprendront à vous aimer. C’est possible, j’y suis arrivée.

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