J’étais celle qui s’entraînait assidûment, qui ne trichait pas aux régimes et perdait le poids en une semaine. C’était tellement valorisé! On me disait « chanceuse »! Maigrir, faire « attention », être coquette. Les gens ne voyaient pas le côté noir, les comportements malsains. Quand ils se sont inquiétés, il était déjà trop tard, j’étais bien malade.
Je savais que mon rapport à la nourriture était particulier. Puis, il y a 5 ans, je suis tombée sur cette vidéo.
Je me voyais, c’était bouleversant. Peu de temps après, dans un moment bien vulnérable, j’ai composé LE numéro « 1-800 » avec les mots « briser le silence » à côté. Un événement qui marquera le « avant – après ». La bénévole ne s’est pas nommée, mais elle a fait une différence dans ma vie.
Je me suis laissée convaincre de me joindre à un groupe ouvert de discussion. Je voulais me confirmer que ce n’était pas si grave. Cela dit, plus on discutait, plus je m’identifiais aux comportements. Dans le regard de l’intervenante, je pouvais voir l’urgence de revenir, encore. Je me suis inscrite à un groupe fermé; une fois par semaine, avec 10 personnes qui vivaient la même chose, qui comprenaient et hochaient de la tête. J’ai commencé une psychothérapie. J’avais 29 ans.
Longtemps, je n’ai pas cru que mes troubles alimentaires étaient symptomatiques. Je pensais que c’était LES AUTRES qui ne comprenaient pas à quel point c’était important de « faire attention », de contrôler son alimentation, à quel point mon corps à MOI réagissait différemment à la nourriture. J’avais l’impression qu’ils ne me respectaient pas dans mon droit à l’exercice et aux régimes. Je pensais que j’avais le contrôle et qu’ils avaient tord. That’s it!
Il a fallu des comportements très hors normes et une psychologue insistante pour me convaincre de suivre ce qui était prescrit: cesser l’entraînement un temps, lâcher prise sur la nourriture, manger 3 repas et 3 collations par jour, travailler sur soi, sur le « d’où on vient » et ATTENDRE… Voir ce qui se passe.
Ils avaient raison, il n’y pas eu de phrase coup de poing ou de prise de conscience incroyable. J’ai consulté, analysé, fait des changements à ma vie, à mes relations et un jour… J’ai réalisé que c’était parti, 4 ans après le fameux coup de fil.
Cet épisode a marqué ma vie, a changé la femme et la maman que je suis. Les troubles alimentaires sont des « habitudes et comportements problématiques et envahissants par rapport à la nourriture, l’image du corps et le poids. » (BACA) Ce n’est donc pas une question de « sur » ou « sous » poids. La majorité des gens souffrant d’un trouble alimentaire ont d’ailleurs un poids santé. Il faut donc être sensible aux autres.
Je vois des applications, des régimes, des réseaux sociaux qui me font peur. Il faut être attentif à ceux qu’on aime, à leurs comportements. Il faut oser demander « t’es sure que tout va bien? » et accepter qu’une personne ait besoin d’une, de deux… ou de 100 interventions avant de demander de l’aider. Il faut rester près et disponible pour le moment où elle se décidera.
Mardi le 4 février prochain, au CHU Sainte-Justine, se tiendront des conférences organisées par ANEB dans le cadre de la Semaine de sensibilisation aux troubles alimentaires. C’est gratuit, il faut simplement réserver sa place ICI.
Quelques liens hyper intéressants:
- Ligne d’écoute (et de ressources) d’ANEB Québec: 1-800-630-0907
- Un livre fabuleux (très accessible) destiné aux gens qui accompagnent: Boulimie – anorexie: Guide de survie pour vous et vos proches de Catherine Hervais
- Chaîne YouTube de Catherine Hervais
- Site Internet de Catherine Hervais
- Clinique BACA à Montréal (privée) – L’endroit où je suis allée
- Clinique St-Amour à Québec (privée)
- Références d’ANEB Québec – Document pdf