J’ai eu 3 enfants, un après l’autre. J’ai fait énormément de choses dans les 7 dernières années pour m’occuper l’esprit à 300%. Une entreprise, des rénovations, des études, des formations, etc. Je pensais que j’étais sur mon X. T’sais, le X qu’on cherche toute notre vie. Le bien-être de savoir, sans aucun doute, qu’on est à la bonne place à faire ce que l’ont est destiné.e à faire. J’étais une fille solide, compétente, une mère de famille extraordinaire. Je jonglais avec les situations difficiles, le ménage de ma maison et l’organisation des fêtes d’anniversaire comme un maître. J’excellais là-dedans, être un parent.
 
Puis, mon bébé est devenu un bambin. Puis un soir, la réalité m’a rattrapée. Mon chum m’a dit: « Alyson, sors dont ce soir. » J'ai répondu:  « Tu as raison, Rose a besoin de gants et Léandre de quelques paires de bas. » Puis, il a ajouté: « Non, sors pour toi. Va faire quelque chose que tu aimes, pas des commissions. »
 
Le vide. Le grand criss de vide. J’ai complètement choké en disant que j’étais fatiguée et je me suis assise devant mon ordinateur après avoir couché les enfants pour travailler, comme chaque soir. La routine me rassurait, mais le mal était fait.
 
Je me regarde dans le miroir et je ne me reconnais presque pas. Je ne sais pas trop où est passée ma confiance en moi (qui avait pourtant la taille d’un éléphant). Je ne sais plus ce que j’aime, je ne sais pas quels sont mes passe-temps. De toute façon, chaque fois que je fais quelque chose d’inutile, ma tête me rappelle que ça ne sert à rien et que mon linge ne se pliera pas tout seul!
 
Dans le fond, je me mentais à moi-même depuis longtemps. Je me lançais dans un milliard de projets pour oublier. Pour essayer de ne jamais être en tête-à-tête avec moi-même. Parce que je n’avais pas été confrontée au silence et à la solitude depuis trop longtemps. J’avais peur de moi-même, de ce que le silence m’apprendrait sur les 7 dernières années qui viennent de passer aussi vite qu’une fusée.
 
J’ai dû essayer de confronter mes peurs, sans grand succès jusqu’à présent. J’essaie de redécouvrir de vieilles passions même si l’inspiration manque un peu. J’essaie de m’obliger à lire quelques pages d’un livre chaque jour. J’essaie de ne pas ressentir la culpabilité de mon évier plein de vaisselle quand je m’assois devant Netflix. J’essaie de me souvenir de qui j’étais en dehors de mon rôle de mère.
 
Le plus complexe là-dedans, c’est d’apprendre à connaître cette nouvelle moi que je ne connais pas. C’est si simple de m’occuper de mon chum et de mes enfants, je les connais par coeur! Mais je dois arrêter de me mettre la tête dans le sable de la simplicité et de me mentir. Je dois apprendre à apprivoiser cette étrangère à l’intérieur de moi. Celle qui se découvrira probablement de nouvelles passions, des passe-temps et des projets.
 
À cette nouvelle femme que je ne connais pas encore, j’aimerais te dire quelques mots. J’aimerais que tu m’apprennes à retrouver cette soif de vivre sans planification et cette envie de rire sans limite. J’aimerais que tu saches que je t’écoute, après tant d’années à t’obliger à te taire. Je te laisse maintenant ta place et j’espère qu’on saura créer quelque chose de beau en mélangeant la femme et la mère.