Parfois, je me demande si je suis adéquate, comme maman. Correction: souvent, toujours, inlassablement. Je me questionne sans cesse sur le devenir de mes enfants. Mes choix sont-ils judicieux, en matière d’éducation? Suis-je compétente, en ce qui concerne leur développement?
Comment élever des enfants non-rois, reconnaissants, stimulés, bien nourris, aimés, empathiques, ouverts d’esprit, polis, responsables, raisonnables, ambitieux, mais respectueux de l’humain et de l’environnement, tout à la fois? Comment orienter, sans exiger et sans ternir le lien de confiance qu’on se tisse tout doucement à travers le temps?
À même leur fibre fondamentale, ces petits êtres se tricotent une personnalité, au gré des outils donnés. Ils sont vulnérables, mais tellement muables. Comme parent, j’ai peu de contrôle sur ce qu’ils sont ou choisiront de devenir. Leur unicité est indéniable. Mais j’aime penser qu’une bonne dose d’imagination, servie sur un généreux plateau d’encadrement, seront au service de leur développement. Alors je cherche des livres, des écrits, des gens renseignés pour m’aiguiller et m’améliorer, comme parent; un métier qui s’apprend.
Dernièrement, j’ai assisté à une conférence, apparemment très tendance, sur la parentalité positive. Depuis, je n’arrive pas à me débarrasser du goût amer contracté, au cours des deux heures qu’a duré cette présentation. L’ambivalence m’habite.
Dans son essence, on tire de bonnes idées de ce courant de pensée. Par exemple:
- On choisit d’autres options que le châtiment. – Excellent.
- On prône l’écoute de l’enfant et de ses besoins. – Très bien.
- On renverse les négations et interdictions par des propositions positives et constructives. – Plutôt amusant, voire même brillant!
- On fuit le NON comme la peste. – Ah bon? Depuis quand le refus, la négation et le NON ont-ils seulement une connotation péjorative?
Une mère cherchait, à travers cette conférence, à freiner les comportements violents (tapes) de son enfant envers le chien de la famille.
Elle s’est confiée, mentionnant avoir tenté de changer les idées de son enfant, en réponse aux coups, et d’apprendre à dire « doux », pour corriger le tout. Jusque là, rien de trop fou. Mais la situation, depuis des mois, sans évolution. L’animatrice félicite la maman et lui propose de persévérer. La constance récompense. Mais aux dépens de qui, me suis-je dit?
Et c’est là que je me suis permise un « faux pas »… ou un « faut pas? ». L’atelier étant ouvert à la discussion, je lui ai demandé publiquement si elle avait pensé dire à son 18 mois entêté, un NON ferme. Sans agressivité. Sans cris ni menaces. Erreur monumentale.
Fusillée de tous ces regards outrés de parents; je me suis trouvée plus trouée que les chaussettes de mon doux. Quelle proposition de fou! On contourne le « non », m’a-t-on dit. On joue à « juste oui », pas non.
J’ai senti la honte m’empourprer les joues. J’ai senti ma compétence piétinée, face à cette vague uniforme de courroux. J’ai remis en question mon jugement, puis me suis ressaisie momentanément.
Qu’on me dise en quoi un NON prononcé à l’endroit de l’enfant (aussi connu sous le nom d’assaillant) sera nuisible à ce dernier? Qu’on m’explique pourquoi la violence servie à ce petit animal (aussi connu sous le nom de victime) se contourne uniquement au moyen de propositions d’évitement? Pourquoi limite-t-on le « non », au détriment du bien-être d’un autre être vivant?
À l’ère du consentement, un « non » bien placé doit, à mon avis, servir de bouclier d’un enfant malmené. On dit non, aux baisers non désirés. On dit non, aux caresses non souhaitées. On dit non aux propositions qui nous déplaisent, n’en déplaise l’offrant.
C’est une responsabilité parentale que d’apprendre à nos cocos à se faire respecter et à respecter les limites d’autrui. C’est un devoir nécessaire que d’enseigner à nos tout-petits à exprimer leur refus sans bacon associé, bien entendu. Un non bien senti, c’est un ami pour la vie, surtout en ce qui a trait à la sécurité de notre enfant et à son développement. Utilisé adéquatement, il sera un outil précieux pour vaincre l’inadmissible et favoriser leur estime.
Alors je dis non, à l’intégralité de la proposition entendue, dans le cadre de cette conférence. J’adhère à plusieurs vertus de la parentalité positive, mais refuse de me convertir dans son entièreté. Et ça me sied.
Qu’en pensez-vous?