Le confinement et les changements drastiques qu'il génère nous déstabilisent, je n'apprends rien à personne. Comme beaucoup de parents, je dois travailler deux fois plus fort à la maison (mais j'ai la chance d'avoir gardé mon emploi cela dit), avec deux enfants à charge. J'ai l'impression de faillir à toutes mes tâches : pas assez rapides dans les courriels urgents, pas assez présente pour mes enfants. Disney+ tourne toujours une heure de trop par jour et mes enfants me le font sentir à la fin de la journée. Résultat, je perds patience et je me culpabilise juste après. 

Mais, à cette situation plutôt commune en ce moment, s'ajoute une autre variable : sept jours avant le confinement, mon conjoint et moi venions de nous séparer. Cette séparation était brutale (il faut dire qu'on se quitte rarement dans le calme et la tendresse), nous sommes tous les deux écorchés.

Bien sûr, nous n'avons pas eu le temps de déménager, pas le temps de se retourner. Nous devons maintenant nous endurer, accepter la présence de l'autre, celui qui nous a blessé et qu'on a blessé. Pour nous, pas question d'aller chez nos amis ou de commencer une garde partagée dans les circonstances actuelles. Pas question de déménager tout de suite. C'est une question de santé publique et nous sommes tous les deux d'accord sur ce point. Nos enfants sont trop petits pour être gardés par un seul des deux parents.

Fait que, depuis le vendredi 13 mars, nous sommes là, dans notre appartement, à devoir travailler, gérer nos enfants et forcer des sourires et ravaler nos larmes.

24h sur 24, 7 jours sur 7.

Les tensions sont deux fois plus fortes, la frustration est grande. On se bat pour tout est rien : qui a le plus besoin d'une heure de travail, qui a commencé à lever le ton. Qui a raison, qui a tort. L'un dort dans le salon, l'autre dans la chambre. Heureusement, on communique beaucoup, on fait tout pour se comprendre malgré tout. On le fait pour nos deux garçons.

Alors qu'on voudrait se donner de l'espace, on doit rester ensemble plus longtemps qu'on ne l'a jamais été. Alors que j'ai besoin de mes amies, de ma mère plus que jamais, je dois rester loin d'eux.

Je pleure toutes les nuits, faute de pouvoir le faire le jour devant les enfants. Je fais un deuil de ma vie d'avant sans vraiment pouvoir la quitter, sans pouvoir tourner la page.

J'essaye de garder le cap, il le faut pour mes enfants. Je reste persuadée que nous allons sortir grandis de cette situation désastreuse, que le peu d’amour qui nous reste nous fera tenir, encore un petit peu. Mais pour combien de temps?