Je travaille dans le domaine du divertissement. Avant, je travaillais sans trop réfléchir, je ne comptais pas mes heures. Je trouvais mon emploi fun et... justement divertissant. Je me trouvais chanceuse de m'épanouir dans un milieu jeune et stimulant. Je me sentais « faite pour ça». 

Ensuite, j'ai eu ma fille, il y a deux ans, et j'ai commencé à remettre un peu en question mon travail. T'sais, le temps au bureau était du temps que je ne passais pas avec ma fille. Je trouvais la conciliation travail-famille éprouvante. Je me sentais loin de mon enfant la journée et les soirs, j'étais survoltée par le repas et la routine à mettre en place. En même temps, rester à la maison ne me semblait pas la solution non plus : j'avais besoin de stimulation autre que m'occuper de mon enfant et financièrement, je ne pouvais clairement pas me le permettre. Ne pouvant pas faire de mi-temps, il n'y avait pas vraiment de solution et je ne me sentais pas sur mon x. 

Et puis, il y a eu la COVID-19. 

J'ai encore mon travail, mais il n'a plus le même sens loin de mes collègues et dans les circonstances. Tout à coup, je me rends compte de toute la superficialité de mon emploi. Je ne sauve pas de vies, je ne nourris personne, je n'aide personne, je ne fais rien de bon pour la planète... Pourquoi je fais ça? Pourquoi je mets ma fille des heures entières devant les Disney ces derniers jours? 

Le confinement et la crise que tout ça va créer me donnent une autre perspective sur la vie. Et si l'avenir, c'était de retourner à l'essentiel, à une vie simple? Une vie où on arrêterait de surconsommer, « survoyager », se « surdivertir ». Une vie où l'on se contente de choses simples : de bons repas entre amis et famille, des balades en nature. Arrêter d'envier l'ami qui a le dernier iPhone, de l'influenceuse qui a la meilleure crème pour le visage ou le plus bel outfit. Je rêve d'une vie où les gens cultivent leur jardin, achètent local et seulement l'essentiel. En ce moment, j'ai envie de lâcher mon téléphone et mon ordinateur. À la place, j'ai envie de lire, de dessiner, regarder Le Roi Lion avec ma fille, et la regarder grandir lentement. 

Au fond, j'ai pas envie de retrouver ma vie d'avant... De courir après le temps et la performance. De dire à mon enfant « vite, on est en retard pour aller à la garderie », « on va au parc, mais on rentre vite! », « Vite, on va dormir sinon tu vas être fatiguée. » Certaines choses me manquent, d'autres vraiment pas.

Est-ce si utopique de croire que la crise actuelle va apporter du bon? Un ralentissement essentiel? 

Les scientifiques parlaient d'effondrement imminent, de catastrophe écologique incontrôlable. J’espère que ce qui arrive aujourd'hui servira au moins à ça : à ralentir nos trains de vie et, pourquoi pas, ralentir notre perte.