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« Chéri, je pense que je fais une dépression post-partum »
Crédit: Pexels

L’un des bienfaits de vivre deux accouchements aussi rapprochés que les miens est la chance d’avoir gardé en mémoire le déroulement de l’accouchement et de ce qui s’ensuit. Je me sentais donc très préparée face à mon deuxième accouchement; je pensais savoir comment me remettre sur pied à la vitesse de l’éclair, connaître mes limites et je m’attendais aussi au fameux débalancement hormonal (aussi appelé baby blues).

Possédant un certain bagage familial lié à la maladie mentale et sachant que celle-ci est en partie héréditaire, je me suis renseignée sur le baby blues et la dépression post-partum. Étant une personne plus « à risque », je voulais pouvoir reconnaître les signes avant-coureurs chez moi et m’équiper pour y faire face. Malgré toute cette belle connaissance sur le sujet, j’ai eu un baby blues très intense, à voguer entre dépression passagère et dépression post-partum.

Mon premier baby blues fut envahissant. J’ai pleuré. J’ai pleuré à coups de gros sanglots, appuyée sur les murs vitrés de ma douche. Pleurer d’extase, pleurer de joie, pleurer pour la beauté de ce petit-être, pleurer d’amour. Mon baby blues se mêlait à un débordement de bonheur.

Mon second baby blues était plutôt une tempête en pleine mer. J’étais submergée. La fatigue me jouait des tours, je me sentais vide, le corps alourdi. Je voulais passer mes journées au lit à dormir, je ne voulais voir personne. Je n’avais pas envie d’assister aux millions d’évènements familiaux pour montrer ce petit bout d’amour. Je voulais qu’on me laisse seule avec le bébé. J’ai pleuré sans raison, du matin au soir et la nuit en allaitant. J’étais silencieuse. Je redoutais mes émotions.

Derrière mon silence, je tentais d’accepter le fait que ma dépression passagère frôlait trop souvent un plus grand mal-être, puis je l’ai dit: « Je pense que je fais une dépression post-partum ». Huit petits mots que j’ai soufflés à mon mari. Huit petits mots que j’avais besoin de lâcher pour reprendre le contrôle sur ma tempête intérieure. Huit petits mots lâchés dans le vent qui s’envolaient vers la mer. Peu à peu, la rage de ma tempête se calmait.

Je me suis toujours considérée comme une personne forte, voire même froide par moment. J’ai toujours su garder un certain calme quand je me sentais fissurée à l’intérieur. Cette fois-ci, la fissure est profonde et la poussière flotte encore un peu.

Aujourd’hui, je peux dire que je vais bien, mais je reste sur mes gardes, prête à traverser la tempête si elle revient me hanter.

 

Avez-vous vécu un baby blues?

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