J’ai une confidence en ce temps de relations virtuelles: j’hais ça, FaceTime. FaceTime ou nommez-le comme vous voulez; les conversations vidéo. Je déteste l’image pixelisée qui fige aux deux secondes et le décalage sonore qui confond « qui parle ». Mon visage, mes pores de peau, l’angle…  Beaucoup trop proche. J’ai-tu l’air de ça? J’ai de la difficulté à me concentrer, je regarde mes cheveux. J’entends mal, il y a retour de son… Écho. J’ai l’impression de crier. Tout ça pour dire que, généralement, j’évite.  

Mais depuis les dernières semaines, j’essaie d’enseigner à mes enfants son utilisation. Alors que plusieurs s’inquiètent de maintenir le lien école-apprentissage, je m’inquiète davantage de l’école-social. Comment maintenir le contact humain entre les enfants? Je me suis donc tournée vers cet ami mal-aimé et je réalise que… OUF! Entretenir une conversation, ce n’est pas inné.

On appelle donc une amie de maternelle…   

Mon 6 ans, à une image de front: « … »

Moi: « Dis: bonjour! »

Mon 6 ans: « Bonjour! »

L’autre 6 ans: « Bonjour! »

« … »

Moi: « Mais demande-lui quelque chose? Comment ça va?  Raconte-lui qu’on a eu un chat? »

Mon 6 ans: « Mais pourquoi????? »

Ce n'était pas clair, le POURQUOI on se parlait...

Finalement, on se déplace dans l’appartement, on montre le chat, le bébé sœur, on parle à un plancher.  On court dans l’appartement, on observe encore un plancher, puis ce qui semble être des habits neufs et, soudainement, un des deux lance un: « BYYYYYYE!!!!! ». Et on recommence, le lendemain…

Crédit:Unsplash

Du côté de ma grande de 8 ans, c’est un brin plus facile, mais pas tant.

Encore une fois, on se montre des choses: le chat, un hamster, une couverture nouvelle, la toilette (?). « Se mettre des faces » occupe aussi beaucoup de temps. Vous savez, l’option visage de souris ou de sanglier avec des filtres. 

Ces appels quotidiens ont tenu environ deux semaines.  Il n’y avait pas vraiment de conversations; seulement de l’excitation, des cris et l'éternel « bye » soudain.  Jusqu’à ce que je me dise que c’était assez, c’était le temps d’apprendre.

À défaut de faire des maths officielles, on apprend ce qui peut nous sembler si simple comme adulte: parler au téléphone. 

  • On doit avoir un but. Qu’est-ce que j’ai à raconter? Qu’est-ce qui m’arrive dernièrement?
  • A-t-on des questions auxquelles on pourrait penser d’avance? Qu’est-ce que j’aimerais savoir? 
  • Comment débuter ou conclure une conversation, avec quels mots?
  • Comment entretenir la conversation, exemple, lorsque je pose une question, je dois attendre une réponse. Je dois écouter.  On essaie de relancer le sujet...
  • L’importance de rester calme. L’ami ne voit pas TOUT ce qui se passe ici, c’est donc un peu moins drôle pour lui si je m’agite partout, etc.

Depuis quelques appels, je vois une belle différence. Ils sont bons. Ils ont de vrais échanges. Parler au téléphone est un exemple, mais je me dis que ce confinement est l'occasion de faire des apprentissages « autres », ceux de la vie quotidienne, de la vie en société, parce qu’éventuellement… On va bien y retourner.

Comment se passent les discussions vidéo de vos enfants?