Nombreux et heureux : découvrez comment les grosses familles se débrouillent en confinement
TPL MomsLe confinement en famille représente définitivement un défi pour plusieurs d’entre nous. Le télétravail avec les enfants, l’école à la maison, le maintien de certaines activités malgré tout, etc., ce n’est pas facile avec un, deux, trois enfants… mais qu’en est-il pour les familles très, très nombreuses? Canal Vie a décidé d’aller explorer comment le confinement se vit chez quelques familles nombreuses et présentera une émission spéciale du 5 au 7 mai, à 20h et 20h30. Nombreux et heureux est une production particulière, car les familles se sont filmées elles-mêmes. Aucune équipe de tournage n’est rentrée dans les maisons des participants!
La version confinement de l’émission présentera plusieurs thèmes, comme la gestion de la nourriture et des repas, comment chaque famille gère les mesures de sécurité sanitaire, comment occuper les enfants, et l’école à la maison.
On a pu s’entretenir avec une des mamans participantes, Mélanie Bergeron. Mélanie est la maman de 9 enfants! On vous laisse découvrir ses réponses.
NDLR : Nous avons séparé l’entrevue en deux parties pour faciliter la lecture. Découvrez la deuxième partie de notre entrevue demain, sur TPL Moms!
Est-ce que vous avez toujours voulu avoir une famille nombreuse?
Steve et moi, nous nous sommes rencontrés en 1999. À cette époque, j’étais dans ma troisième année à l’Université de Sherbrooke et mon conjoint travaillait comme camionneur, pour son père. Dès la première rencontre, je savais que je passerais ma vie avec cet homme et qu’il serait le père de mes enfants. J’ai arrêté de me poser des questions et tout a déboulé très rapidement pour nous deux. Nous avions établi que nous voulions des enfants. De mon côté, j’en voulais deux ou quatre. Étant une « enfant sandwich », je voulais éviter à tout prix, le fameux chiffre impair. Du côté de Steve, il aspirait à avoir quatre enfants. Je suis tombée enceinte un an et demi après. Malheureusement, lors de mon échographie de 20 semaines, nous avons appris que le bébé était décédé. Ce fut un deuil difficile à faire et je me suis donc retournée assez rapidement. J’ai expliqué à Steve que j’avais beaucoup de peine et que je croyais important d’avoir un nouveau projet pour passer à autre chose. Je lui ai dit : « soit on se marie, soit je retombe enceinte. » Nous avons donc décidé de nous marier, mais comme Steve et moi ne faisons rien à moitié, je suis retombée enceinte, en même temps de devoir planifier un mariage de 173 invités, la fin de mon bac, mon bal universitaire où j’étais impliquée, le début de ma carrière en enseignement et mon conjoint qui fait l’achat de son premier camion et crée sa propre compagnie. Emric est né quelques mois plus tard. Nous avons commencé à faire notre nid familial et nous avons fait l’achat d’une terre agricole et bâti notre maison. Laëtitia est née deux ans plus tard et Ariane a suivi très rapidement. À travers toutes ces grossesses, étant à statut précaire, je ne bénéficiais pas d’un congé de maternité. On se débrouillait comme on pouvait ne comptant pas nos heures. Presque trois ans plus tard, Alexis était parmi nous, amenant le compte à quatre. Pas déjà quatre! Je venais tout juste d’accoucher, le médecin venait de poser Alexis dans les bras que j’ai regardé Steve, les yeux dans l’eau, et je lui ai dit: « Ça ne peut pas être déjà terminé… ça ne peut pas être la dernière fois que j’étais enceinte… » J’ai profité de mon premier congé officiel de maternité avec mon bébé pour ensuite poursuivre mon parcours de carrière. J’ai eu un contrat où j’enseignais en troisième année et parmi mes élèves, il y avait une jeune fille dont la maman venait tout juste d’accoucher du sixième bébé. J’étais tellement impressionnée par cette belle famille. C’est à ce moment-là que Steve et moi avons cessé de nous en faire et avons pris un bébé à la fois. Actuellement, nous avons neuf enfants. Qui sait si un dixième ne serait pas le bienvenu si on garde notre logique du début d’éviter le nombre impair? Hihihi! Mais comme on a dit chaque fois, ce sera vraiment le dernier…
Neuf beaux enfants, ça fait beaucoup! Quel est LE plus grand défi en temps normal?
Le plus grand défi, dans une famille nombreuse, c’est le manque de temps. Mon conjoint et moi avons une fierté grandissante chaque jour de les voir grandir, évoluer et devenir de belles personnes dotées de valeurs riches. Malheureusement, les tâches que tout cela implique pour s’occuper et organiser toute cette belle marmaille deviennent très lourdes. J’ai souvent l’impression que ma vie ne tourne qu’autour de la lessive ainsi que de la confection de repas, lunchs et collations. À tout cela, je dois rajouter les rendez-vous et les suivis de toute sorte et disons-le, nos emplois respectifs qui sont d’autant plus très exigeants. Alors où sont les moments de qualité où nous pouvons tous nous retrouver ensemble, pour nous amuser et découvrir les talents cachés de nos enfants? Le moyen que nous avons trouvé, c’est de les planifier et de les mettre à l’horaire tout simplement. Un autre moyen pour y parvenir est le « lâcher prise » sur ce qui n’est pas essentiel et mettre de côté les situations parfaites parce qu’elles ne seront jamais au rendez-vous. Nous gardons toujours en tête que le choix d’avoir eu autant d’enfants nous appartient. Steve et moi n’avons jamais pu bénéficier d’un week-end en amoureux pour nous reposer, mais ce n’est pas grave. Ce n’est que partie remise dans quelques années!!!
Et en temps de confinement?
Lorsqu’on a réalisé que la situation était grave et que la demande de confinement était plus que réelle, j’étais un peu inquiète. Onze personnes continuellement ensemble, mais ça va être terrible! Aujourd’hui, je peux dire que je croyais que ce serait beaucoup plus difficile que ce ne l’est en réalité. Les enfants ne s’ennuient pas, il y a toujours quelqu’un pour jouer avec l’autre. De plus, nous avons la chance de vivre sur une terre de sept arpents alors ils ne sont pas restreints dans l’espace. J’ai beaucoup de respect pour les gens qui doivent vivre ce confinement, en appartement, avec leurs enfants. Ouf! Ce ne doit pas être évident… À vrai dire, le plus grand défi, c’est le manque de répit pour mon conjoint et moi. Les moments où Steve et moi se retrouvons seuls sont pratiquement inexistants. De plus, comme je l’ai mentionné précédemment, vivre dans une famille nombreuse nécessite la préparation de beaucoup de repas. En temps normal, quand les enfants vont à la garderie et à l’école, étant actuellement en congé de maternité, je rentabilise au maximum ce temps d’accalmie. En confinement, je n’ai pas ce petit moment. Je suis continuellement dans le « rush », en train de fournir à la demande constante. Je dois avouer que c’est épuisant… La façon de m’en sortir est d’essayer de devancer les demandes. Prévoir et planifier pour ne jamais se retrouver bredouille. Un autre défi, c’est l’école à la maison. Bien que je sois enseignante au primaire, mes enfants d’âge scolaire ont de petits défis à l’école. Les apprentissages ne se font pas si facilement donc, le confinement m’a occasionné beaucoup de craintes. Vont-ils prendre un retard qui deviendra irrécupérable? Je me suis retroussé les manches et j’ai commencé à sortir des exercices afin de continuer leurs apprentissages. Plusieurs diront que c’est facile pour moi, mais au contraire. J’ai très rapidement réalisé qu’il était difficile d’enseigner dans un tel contexte. J’ai ajusté mes objectifs et je prends ce que mes enfants ont à me donner, tout en exigeant un minimum de travaux pour chacun d’eux. Je garde en mémoire qu’à travers toute cette vie de famille en confinement, les enfants apprennent énormément chaque jour. Ils apprennent les valeurs qui guident notre famille, comme l’entraide, le respect et la tolérance. Ils apprennent à se faire confiance alors qu’on leur demande de nous accompagner dans différentes tâches. Je pense que ce sont des apprentissages à considérer!
On se retrouve demain pour la deuxième partie de cette entrevue!
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