Nos profs s'en vont au front! Plusieurs ne le diront pas, mais ils ont la peur au ventre. Marcher sur un fil de fer, les yeux bandés, sans filet de protection serait, pour certains, un meilleur plan. Ils ont déjà tout un pan de l'éducation de nos enfants entre leurs mains en temps normal, ce qui est déjà beaucoup. Et voilà qu'on leur demande en plus d'assurer leur sécurité; leur santé! N'est-ce pas beaucoup leur demander?

J'ai des amis enseignants.es qui ont réintégré leur local dans les derniers jours. Celui dans lequel, avant la situation actuelle, ils avaient mis amour et énergie, pour en faire un lieu d'apprentissage agréable et chaleureux, à leur image. Déjà, certains avaient plus de chance que d'autres, avec de grandes fenêtres, beaucoup d'espace et du matériel neuf. Alors que d'autres ont dû user de leurs pouvoirs magiques pour transformer la citrouille en carrosse.

J'ose à peine imagine le tourbillon d'émotions qui brasse au creux de leur ventre, alors qu'ils doivent penser stratégie pour déjouer le virus. Ils ont hâte de revoir leurs élèves, ils les aiment. Mais la peur de faillir, de ne pas désinfecter suffisamment, de ne pas arriver à enseigner, de ne pas pouvoir consoler tout en respectant le 2 mètres de distanciation sociale ou encore de ramener le virus à la maison, est bien présente. Sans compter que les écoles font face à une pénurie de personnel encore plus important qu'avant, par manque de services de garde ou tout simplement parce que certains ne peuvent pas retourner travailler pour une question de santé.

Crédit:Classe de maternelle avant la pandémie - Photo par Marie-Ève Toupin
« Demain, je retourne dans ma classe. Je veux voir les lieux, déplacer les meubles, imaginer la nouvelle réalité et l'adapter au mieux pour que ça se passe bien lorsque mes petits Renards seront de retour. Je n'ai pas envie. Je trouve que c'est trop tôt. Ça me fait peur. Je suis en colère parfois, parce que les consignes ne sont pas les mêmes partout. Mais j'y retourne. Parce que malgré tout, j'aime mon travail et surtout, surtout mes élèves. » raconte Julie Deslauriers, enseignante au préscolaire.
Crédit:Classe de maternelle réorganisée pour le Covid-19 - Photo par Marie-Ève Toupin
Je crois que, plus que jamais, nos enseignant.e.s ont besoin de support, d'une dose de courage et d'amour. Ce sont des anges qui rejoignent les rangs. Ils sont essentiels pour que l'économie se remette en branle, pour permettre aux travailleurs de reprendre leur rôle dans l'engrenage. Mais ce sont surtout des êtres humains inquiets. Partout, on clame haut et fort que le retour à l'école est sécuritaire, alors qu'eux le trouvent plutôt insécurisant, voire irréaliste dans un si court laps de temps.
 
Faites savoir aux profs de vos enfants que vous les supportez. Pourquoi ne pas leur envoyer un petit mot de soutien. Pour la fin de l'année scolaire, il faudra plus que jamais former une équipe avec le personnel des écoles, car les défis ne seront pas uniquement dans les classes.
 
Alors à vous, chers enseignants et enseignantes, sachez que vous avez tout mon respect et mon admiration. J'ai toujours cru qu'enseigner était une vocation, mais là, j'espère que tout le Québec n'aura plus de doute (et que notre gouvernement vous offrira les ressources nécessaires à la tâche qui vous est demandée).