Mon conjoint et moi, on ne s’aime pas de la même façon. Lui est indépendant, moi non. Nos chemins ont toujours été parallèles. Pour notre bien, j’ai tenté d’apprivoiser ma solitude à l’aide d’une thérapie. J’ai recommencé mes sorties, lui m’accompagnait rarement.Un jour, je me suis rendue chez une amie pour un anniversaire. C’est là que S est entré dans ma vie, comme un puissant éclair.
Certains diront que c’est ce qu’on appelle un coup de foudre. Il a lu dans mon âme, m’a sauvée de ma solitude et m’a redonné envie de vivre. J’ai déferlé sur S comme une vague (un tsunami) d’affection. Lui, m’a accueillie comme une douce caresse sur sa peau cuivrée. Dans le temps de le dire et le plus naturellement du monde, j’avais un amant que j’aimais passionnément.
Le conte de fées s’est vite transformé en cauchemar. Mon conjoint a découvert notre aventure. Il a décidé de rester, mais a posé la condition évidente que tous les ponts entre S et moi soient détruits. Je n’ai pas réussi. Je m’étais accrochée à S comme à une bouée de sauvetage et je n’avais aucune envie de la lâcher par peur de sombrer. La vie sans lui m’apparaissait comme un gouffre sans fond.
Au fil des jours, la force de la culpabilité et des crises d’angoisse m’assommaient toujours plus fort. J’ai tourné en rond pendant des mois, à m’épuiser, le cœur brisé. J’en ai perdu des amies. Je me suis éloignée de ma famille. J’ai pensé abandonner mon travail, je n’arrivais plus à fonctionner. Je vivais l’enfer à l’intérieur de moi et je continuais de m’occuper de ma famille comme si de rien n’était.
J’ai fini par me demander ce qui serait le pire pour moi. Que mon conjoint fasse sa valise? Que S ne fasse plus partie de ma vie? Être absente une semaine sur deux de la vie de mes jeunes enfants? C’est la dernière réalité qui me faisait le plus de mal. Alors, je suis restée et j’ai abandonné mon amant.
Le temps a fini par faire son œuvre, à panser le grand trou que j’avais au fond du cœur. J’ai essayé de remplacer un peu de sa lumière dans ma vie. Certains soirs, quand ma maisonnée est plongée dans le calme, je ferme mes yeux et je retrouve les siens. Je pense à ce que nous aurions pu être et je m’autorise une larme en silence.
Pour toi, S. qui a brisé mes chaînes, merci.