Je me dis que c’est correct parfois d’observer, d’être dans l’inaction. D'être assise et d'écouter mes enfants rirent et s’amuser avec papa. De contempler la scène en coulisses plutôt que de la jouer avec eux. Il m’est possible de prendre un moment qui m’appartient, tout en écoutant mes enfants chanter en background. Il n’est pas toujours nécessaire de leur tenir le micro. Là où je me suis sentie le plus apaisée dernièrement: chez moi, assise tranquillement au soleil, à feuilleter un roman à l'eau de rose. Ma petite apprivoisait la piscine en y jetant des ballons et ma grande préparait des soupes aux samares. Le bonheur. 

Trop souvent, quand je m’accorde une pause, je me sens déchirée à l'intérieur. Il y a un petit démon cornu sur mon épaule qui me répète que je devrais être toujours disponible pour mes enfants, qu'une pause, c'est égoïste, etc. Vous voyez le genre? C’est mon combat le plus difficile à remporter, celui-là: faire taire cette voix. Ça suffit, la culpabilité!  

Parce qu'il faut que je l'admette, il y a quelque temps, la culpabilité m’aurait rapidement envahie dans une scène semblable. J’aurais eu la douloureuse impression de passer à côté d'un moment précieux. D’autant plus que les moments passés ne reviennent plus. Il m'arrive encore, je l'avoue, de jalouser les petits bonheurs que mes enfants partagent avec d'autres. Mais j'ai compris, maintenant, qu'un peu de temps pour maman permet de meilleurs moments pour tous. 

Je crois qu'il faut cesser de laisser mourir nos besoins sous la pile de linge sale. Certains soirs, je suis fatiguée. J’ai le droit de l’être et j’ai besoin de m’étendre de tout mon long sur le divan. J’ai le droit aussi de sauter le bain plutôt que de le faire avec une exaspération hors du commun quand mon enfant décide d’y boire de l’eau. J’ai le droit de mettre un Pat Patrouille sur Netflix pour reprendre mon souffle 20 minutes de plus. J’ai surtout le droit de dire : « je me sens à bout, peux-tu t’occuper de la routine des filles s'il te plaît » quand c’est possible d’avoir de l’aide.

En tant que maman, en tant que conjointe aussi, je suis passée maître dans l’art de détecter et de combler les besoins de ma famille. Par contre, j’ai passé par-dessus les miens trop aisément. Un matin, je n’avais plus la force de me lever. Je suis restée couchée. Papa a pris la relève. J’ai mis ma culpabilité dans le placard, j’ai fermé la porte et je me suis reposée. Le lendemain, j’avais un suivi psychologique pour dépression, causée en partie (selon les spécialistes), par l’effacement de soi.  

Donc, si ce soir mon esprit a besoin de calme et que je ressens le besoin de vous écrire en écoutant Alexandra Stréliski pianoter doucement dans mes oreilles, alors je prendrai ce moment. Je prendrai ce moment quand j’aurai finalement répondu aux besoins de toute la maisonnée et que les enfants dormiront à poings fermés, certes, mais je le prendrai quand même.

Avez-vous des moments de prédilection pour vous ressourcer?