Depuis que je suis sortie du ventre de ma mère, je suis un poids plume. Bébé, déjà, je ne prenais pas assez de poids, ce qui inquiétait les médecins et, encore plus, ma mère. Ensuite, durant mon enfance et mon adolescence, ma prise de poids était très lente. Je me souviens encore de répondre aux mille questions de ma médecin qui, visiblement, cherchait à savoir si je souffrais d’un trouble alimentaire. Je lui disais pourtant, et c’était tout à fait vrai, que je mangeais à ma faim. Même si mes amies m’enviaient de rester mince, moi, je constatais les points négatifs : avoir l’air vraiment jeune, ne pas avoir de formes, devoir justifier mon poids, etc. Honnêtement, ce n’est qu’à l’âge adulte que j’ai réellement compris qu’être naturellement mince est un privilège et que je dois en être consciente. Mais là, je m’écarte du sujet.

Souvent, on m’a dit que quand j’aurais des enfants, mon corps changerait beaucoup. Pourtant, à ma première grossesse, à peu près rien n’a changé sauf la forme de mes seins. Je m’attendais donc que ce soit pareil lors de ma deuxième grossesse. L’accouchement a eu lieu. Mes habitudes alimentaires n’ont pas changé, mon corps, lui, oui. Je n’ai jamais perdu le poids de ma grossesse, mis à part cinq ou six livres. Au début, je ne comprenais pas trop ce qui se passait parce que je m’entraînais, je mangeais plutôt bien (sans me priver de dessert, comme d’habitude) et je me sentais en forme. Alors pourquoi, sur la balance, le chiffre ne baissait-il pas?

Crédit:i yunmai/unsplash

Je voyais bien que j’avais des courbes que je n’avais pas avant, mais j’ai d’abord eu du mal à me les approprier. J’ai toujours été habituée à un corps filiforme. Donc, même si j’étais parfaitement consciente que j’avais encore un poids très santé, je ne reconnaissais pas ces nouvelles formes qui s’étalaient sur mes hanches, mes fesses, mes cuisses. En regardant dans le miroir, j’avais l’impression que seul mon visage m’appartenait. Ce n’est pas que je n’aimais pas le corps qui m’était reflété, je n’avais juste pas l’impression que c’était le mien.

J’ai longuement réfléchi. Je me suis souvent regardée dans le miroir. J’ai touché mes courbes. Je les ai fait miennes. J’ai découvert que, dans ce corps changé, je me sentais femme. Bien sûr, une femme n’est pas définie par la forme de son corps. C’est simplement que j’avais l’impression que mon corps avait évolué, naturellement, et qu’il prenait la forme qu’il devait avoir à ce moment de ma vie.

Aujourd’hui, comme je l’ai mentionné dès le début, je me sens en forme. J’ai une alimentation équilibrée, je ne me prive jamais de ce que j’ai envie de manger, et je bouge grâce à des activités physiques que j’aime faire, comme l’entraînement, le yoga et la randonnée. Se sentir en forme physiquement et mentalement, n’est-ce pas ce qui est le plus important, plutôt qu’un chiffre sur une balance?

Depuis quelques semaines, je ne me pèse plus. Le chiffre donné ne faisait que me jouer de mauvais tours. Il me faisait remettre en question une image que moi que j’aime. La prochaine étape est de me refaire une garde-robe à l’image de mes nouvelles courbes pour être autant à l’aise dans mes vêtements que dans ces dernières!

Votre corps a-t-il changé après vos accouchements? Quelles émotions cela vous a-t-il fait vivre?