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J’ai appris que j’étais enceinte, puis que je faisais une fausse couche
Crédit: Unsplash

Il y a trois semaines, la deuxième petite ligne rose est apparue. Trois tests de grossesse avec cette deuxième ligne rose. Ce n’était pas prévu. Je ne suis plus avec le géniteur depuis 1 mois, et dû à un cancer dans le passé, il est stérile et les tests qu’il avait passés trois mois avant notre fréquentation montraient un taux de 0.1% de fertilité. Cette grossesse est donc plus qu’une surprise; c’était pratiquement impossible. Je ne savais pas quoi penser, c’est mon plus grand rêve de devenir maman, mais de l’autre côté, avais-je vraiment envie de laisser revenir cet homme dans ma vie? J’ai songé aux différentes options qui s’offraient à moi, et j’ai songé à l’avortement, mais je n’étais pas assez forte pour vivre cette épreuve. Sauf qu’à ce moment-là, je ne me doutais pas de ce qui allait bientôt m’arriver. En une semaine, j’ai appris que j’étais enceinte, puis que je faisais une fausse couche. Ç’a été difficile. C’est encore difficile.

 

Parmi tout le personnel soignant que j’ai côtoyé à l’urgence de l’hôpital, avant et après qu’on m’apprenne la fausse couche, aucun d’entres eux ne m’as demandé comment je me sentais vis-à-vis cette situation; on m’a seulement demandé si c’était une grossesse planifiée. Non, elle ne l’était effectivement pas, mais elle était tout de même désirée dans le plus profond de mon cœur. J’ai toujours dit que si ça m’arrivait un jour, j’allais accepter et vivre la plus belle expérience de ma vie. Aussi, dans le fond de mon cœur, j’avais finalement accepté ce nouveau rôle malgré les nombreux défis que cela allait m’amener. Je m’étais imaginé un futur à deux, où un petit être allait maintenant dépendre de moi et où je me ferais appeler « maman ». Et ce qui m’as fait le plus mal, c’est d’avoir décidé de le garder et qu’au final, il soit parti par lui-même. 

 

Depuis ce moment, je suis remplie de haine, de dégoût, de larmes, de peurs, de chagrin et de douleur. Je me déteste et je déteste mon corps. Je déteste ce corps qui n’a pas pu faire grandir ce bébé dans mon ventre. Je me sens mal, je suis perdue, je ne sais pas quoi faire, quoi penser. Je reste dans mon lit, les yeux fermés, tous les soirs depuis trois semaines, en espérant que le sommeil viendra bientôt se pointer. Pendant que je dors, je ne pense à rien et j’oublie cette douleur. Je m’en veux d’avoir pu penser avorter. Je déteste aussi d’avoir songé au futur de ce bébé parce que maintenant, je ne peux plus imaginer ma vie avec ce bébé, je ne peux que l’imaginer sans lui. Et ça me blesse. J’avais pris l’habitude de flatter mon ventre, mais maintenant, je ne suis même pas capable de le toucher ni même de le regarder. Je suis vidée de vie, dans les deux sens. Je n’ai pas encore réussi à me regarder dans le miroir depuis maintenant trois semaines. Je n’ai jamais faim, j’ai toujours une boule dans la gorge qui ne part pas.

 

Plusieurs personnes de mon entourage qui connaissent cette partie de ma vie me demandent comment je me sens. La vérité, c’est que je veux en parler. Vraiment. Je veux aussi crier, hurler et pleurer. J’aimerais leur dire à quel point je suis anéantie et à quel point je suis épuisée. Mais tout ce que je peux murmurer chaque fois c’est : « Ça va. » Et je m’en veux parce que je suis fatiguée de mentir et de faire semblant. Je me referme sur moi-même sans nécessairement faire exprès. C’est un automatisme. Et j’en suis désolée, mais j’ai besoin de vivre mon deuil de cette fausse couche précoce.

 

Je n’ai pas eu la chance de tenir mon bébé dans mes bras, ni de l’entendre pleurer, ni même de lui donner un baiser sur son front, ou de le réconforter, mais je n’étais pas prête à lui dire au revoir aussi rapidement et surtout pas de cette façon. L’année qui va suivre va être difficile, car je vais passer les prochains mois à me rappeler à combien de semaines je serais rendue. Et à la fameuse date d’accouchement, ça va être pire, je le sais. Je vais probablement replonger dans ces sentiments de remords, de regrets et de vide que je vis présentement. Je me sens mal et seule.

 

Si vous avez vécu une situation similaire, je vous comprends. Cette perte-là fait mal, que ce soit récent ou pas. Que ce soit une perte précoce ou pas; c’est un deuil. Mais même si c’est difficile en ce moment, je sais que je vais reprendre goût aux petits plaisirs de la vie éventuellement. Il faut juste que je vive cette perte tranquillement, à mon rythme. J’ai beau me sentir isolée, incomprise et seule, je sais que je ne le suis pas. Je ne suis pas la seule à vivre ça. On va y arriver, un jour à la fois. Je suis 1 personne sur 4; je le comprends maintenant.

 

 

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