Cours de natation, éveil musical, yoga maman-bébé, musculation post-partum, session universitaire, visites d’amis et de la famille et j’en passe! L’horaire de mon premier congé de maternité était rodé au quart de tour et l’hyperactive que je suis prévoyait faire pareil au deuxième. Enfin, pouvoir faire ce qui me tente, quand ça me tente (ou presque)! Mais une pandémie en a décidé autrement.

Je m’imaginais emmener ma grande à l’école ou au camp de jour sans la pression d’arriver à une heure raisonnable au bureau, puis profiter de ma journée, seule avec mon bébé tout neuf. Je pensais m’arrêter dans mon café préféré après avoir parcouru les rues de mon quartier toute la matinée, me prélasser au bord de la piscine du parc Jarry, peut-être manger seule au resto, un Sudoku en main, pendant la sieste. Je pensais aussi éventuellement emmener mon fils en poussette à la piste d’athlétisme où je m’entraîne et au gym. Je me voyais même accepter quelques mandats à la pige. J’avais bien fait une foule de travaux universitaires avec ma fille, j’étais capable! Je pensais regarder beaucoup de football, enfin pouvoir encourager mon mari-athlète qui revenait terminer sa carrière à Montréal. Mais une pandémie en a décidé autrement.

Le vendredi 13 mars, alors que les écoles de la province fermaient, mon congé de maternité, lui, commençait. J’avais prévu récupérer un peu de sommeil avant de donner naissance, mais, au lieu, j’ai fait la voix de Barbie en moyenne quatre heures par jour pendant trois semaines. J’avais donc hâte de passer un peu de temps en tête à tête avec mon amoureux qui allait bientôt nous quitter pour son camp d’entraînement, mais, au lieu, je me suis fait maquiller en vampire, en princesse, en poupée, en... C’est entre un cours de calligraphie (communément appelée séance d’arrachage de cheveux) et un spectacle improvisé de cheerleading dans mon salon que je me suis rendu compte que je devais faire le deuil de mon congé de maternité tel que je l’avais imaginé.

J’ai accouché le 6 avril dernier d’un magnifique garçon en santé à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Depuis, l’appart vibre sans cesse au son des jeux vidéo de mon mari qui n’est toujours pas retourné travailler, des boums de ma gymnaste de fille et des gazouillis de mon fils. J’essaie de penser à mon dernier moment de solitude et je n’arrive pas à trouver. Probablement un 5 minutes en auto. Pas d’école, pas de restos, pas de cafés, pas de piste d’athlétisme, pas de gym, pas de cours de natation, pas de mandats à la pige, pas de visites d’amis, pas de football. Même pas d’horaire. Le temps s’est comme arrêté. 

Pis, c’est ben correct comme ça. L’envie de tirer par la fenêtre toutes les bébelles qui traînent me prend parfois/souvent, mais je me dis que j'ai enfin la chance de simplement regarder mes enfants grandir. C’est comme si on faisait un long voyage. Au début, on était motivés à tout faire en gang. Tout le monde parlait pour couvrir le silence et on cherchait sans cesse une nouvelle activité. Puis, plus le voyage avance, plus les moments de calme font du bien. Peut-être parce qu’on s’est tapé sur les nerfs un peu, mais pas parce qu’on s’aime moins. On a appris à juste exister ensemble. Sans plus. Et, maintenant que la ville se réveille tranquillement, que le voyage est terminé, on ne ressent même plus le besoin de se quitter.

Crédit:August de Richelieu / Pexels.com

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