40,3 semaines de grossesse. Mon arc-en-ciel, mon petit garçon, c’est si long pour moi d’attendre ce moment où tu seras enfin dans mes bras. Ta sœur, il y a un peu plus d’un an, est arrivée sans même que nous ayons le temps de l’attendre, à 39 semaines tout juste, elle sortait quasiment par surprise alors que je n’étais qu’à moitié préparée à son arrivée. Pour toi, nous voulions être complètement prêts alors, considérant les statistiques indiquant que le deuxième enfant arrive généralement plus rapidement que le premier, maman et papa étaient prêts pour ton arrivée dès la semaine 37 de grossesse.
Depuis plus de deux semaines, nous sommes complètement (un peu trop) prêts. La coquille est bien installée dans la voiture, les valises sont dans le coffre de la voiture, le congélateur est rempli de sauce à spaghetti, de muffins, de colostrum, maman a même déjà congelé ses « pad sicles » (serviettes hygiéniques imbibées d’eau et autres pour soulager les douleurs post-partum). Tout ce que nous attendons est ton arrivée, mais tu ne sembles pas prêt à sortir du tout. Tu es encore bien haut, tellement que les sages-femmes ne peuvent pas pratiquer le fameux décollement des membranes qui avait aidé ta sœur à venir au monde.
J’ai lu quelque part que l’angoisse vécue durant cette période de pandémie avait provoqué des naissances plus tardives qu’à l’habitude. Comme si l’environnement insécurisant ne donnait pas envie à bébé de sortir. Comme si le monde semblait trop effrayant en ce moment.
Mon garçon, mon amour, je suis désolée. Je suis désolée si j’ai pu te faire ressentir cette angoisse qui m’a parfois (très souvent) habitée ces dernières semaines. Mon petit soleil, pardonne-moi. Maman a vécu beaucoup d’émotions et toi, tu étais aux premières loges de ce tourbillon émotif. Mon chéri, maman avait tort. Maman avait tort de laisser les pleurs la submerger parce que le monde est beau. Oui, parfois la peur vient nous chambouler, mais le monde est tellement plus que cela. Le monde est plus que la peur que j’ai pu ressentir, le monde est magnifique, il est beau dans les rires de ta grande sœur, dans l’amour que je ressens pour toi, ta sœur et ton papa. Le monde est beau dans l’éclat du soleil levant puis dans les couleurs des fleurs du jardin.
C’est vrai, mon petit ange, que le monde n’est pas parfait et que ton chemin sera parsemé d’embûches, mais c’est dans ces embûches que tu trouveras la force de te relever et que tu atteindras les couleurs de l’arc-en-ciel. Parce que, Caleb, il n’y a pas d’arc-en-ciel sans pluie. Puis toi, mon garçon, tu n’as pas à avoir peur de la pluie, car tel un arc-en-ciel, tu en retireras toujours ce qu’elle apporte de plus beau.
Maintenant chéri, maman a lâché prise, tu peux venir quand tu seras prêt. Quand tu seras prêt à affronter ce monde avec toutes ses imperfections, mais toutes ses merveilles également. Nous t’aimons très fort et serons là pour toi quand tu seras prêt. À bientôt mon petit soleil.