Ma fille, voilà à peine quelques heures que tu es née. La pédiatre t’examine au grand complet et fronce les sourcils quand elle appuie sur ta hanche. Elle dit que ce n’est probablement rien, mais qu’elle allait tout de même envoyer une requête d’échographie au CHU Sainte-Justine. Nous voilà maintenant 8 semaines plus tard, à cette fameuse échographie avec le diagnostic de dysplasie de la hanche.

Mes émotions sont contradictoires. Je suis si triste que tu aies cette maladie, mais si reconnaissante que cette pédiatre ait remarqué quelque chose d’anormal. Je déteste te regarder dans ce harnais, car il te cause tellement d’inconfort et il m’enlève tellement de moments avec toi, mais j’aime savoir que ce bout de tissu te guérira éventuellement. Je voudrais te le laisser 24h sur 24 pour que tu guérisses au plus vite, mais je dois aussi me convaincre de ne pas te l’enlever pour pouvoir te câliner. J’ai tellement hâte que tout ça soit fini afin de pouvoir te récupérer mon petit amour! Mais j’ai si peur que ta maladie revienne que je voudrais aussi te laisser dans le harnais encore plus longtemps. 

Mes émotions se chamboulent. J’apprécie que le monde soit compatissant avec nous, mais je déteste me faire dire que ça pourrait être pire. Je vis de brefs moments de jalousie quand un bébé de ton âge évolue, mais en même temps je suis tellement heureuse de te garder dans nos bras plus longtemps. J’aimerais que tu te tournes et que tu t’assoies comme les autres, mais j’aime l’idée que tu sois dépendante de nous encore un petit moment...

Je suis soulagée de voir des améliorations lors de chaque échographie, mais peinée que les délais s’étirent à chaque rencontre. 

Mon bébé, s'il te plaît, pardonne-moi de vivre aussi mal cette épreuve. Même si ce n’est pas un cancer ou une maladie incurable, ça me touche d’avoir manqué certains moments avec toi. Tu étais si petite et puis du jour au lendemain tu es devenue si grande. Je ne t’ai pas vue grandir, je ne t’ai pas collé assez, je me suis frustré longtemps durant les changements de couches, mais tu as toujours été autant aimée et tu as réussi à nous faire vivre tellement de beaux moments malgré tout. Tu es née forte et cette épreuve nous l’a prouvé.

Ce texte nous a été envoyé par une lectrice.

Vous avez aussi une histoire à partager? Écrivez-nous au info@tplmag.com