Mes parents sont merveilleux, à l'écoute, présents pour nous et font d'excellents grands-parents. Je les aime de tout mon coeur et mon enfant les adore.
 
Mais.
 
Mes parents sont racistes.
 
Je ne sais plus de quelle façon aborder la question avec eux, je pile toujours sur des oeufs. Si, avant d'avoir un enfant, leurs commentaires me tannaient toujours, maintenant, c'est pire. Je n'ai pas assez de doigts ou d'orteils pour compter le nombre de fois que j'ai tenté de corriger le tir de leurs paroles devant mon enfant. 
 
Comment osent-ils avoir de tels propos, encore plus devant un jeune enfant si pur?
 
J'ai utilisé l'approche délicate, les petits courriels gentils, les reproches un peu plus sévères, les gros yeux, les grognements. Je n'ai pas envie d'entrer dans une prise de bec; surtout pas en contexte Covid où je n'ai pas eu la chance de voir mes parents depuis le début du confinement. 
 
Les événements des derniers mois, aux États-Unis et au Québec, m'ont beaucoup fait réfléchir. J'ai réalisé que j'avais des préjugés et des biais inconscients. Mon regard est parfois différent devant certaines personnes, et ce, malgré moi. J'ai été élevée dans les commentaires racistes, dans les propos déplacés, dans les préjugés. J'ai réussi à garder la tête plus haute que les vagues déplaisantes qui ont bercé mon enfance, mais j'ai dû prendre quelques bouillons qui ont influencé mon cheminement. 
 
Mes grands-parents étaient de la vieille génération avec des vieux préjugés, et lorsque ma grand-mère était très affectée par l'Alzheimer, je vous passe les commentaires à haute voix qui ont été dits... Je sais bien d'où mes parents viennent. Ça se passe de génération en génération.
 
Mais ça s'arrête ici, maintenant.
 
Mon enfant, je veux que tu traites tout le monde de façon égale. Je veux que les couleurs que tu choisis soient celles de tes crayons et non de tes amis. Je souhaite que tu aies l'ouverture d'apprendre d'autres langues, de goûter à d'autres mets et de baigner dans d'autres cultures. 
 
Alors que je viens d'un cocon très « québécois blanc », mon enfant est élevé dans un milieu diversifié, tant pour le quartier que pour la garderie. Je pense que son regard grandira différemment, et je vais tout faire pour favoriser l'inclusion, l'équité et la diversité.
 
Que ce soit pour la couleur de la peau, la culture, l'orientation sexuelle, le choix de profession, l'âge, un handicap... Les préjugés ne seront pas les bienvenus chez nous.
 
Et il me faudra travailler fort pour l'expliquer à mes parents sans qu'ils s'éloignent encore plus qu'ils ne le sont déjà.
 
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