J’ai des prédispositions génétiques à la maladie mentale. J’ai d’ailleurs toujours su que mon cerveau fonctionnait d’une drôle de manière. Je suis une personne très angoissée. Je suis aussi une personne très courageuse. J’ai toujours continué, je ne me suis jamais arrêtée à écouter cette vilaine petite voix dans ma tête. J’ai fait des études, j’ai voyagé, j’ai fondé une famille, j’ai eu une belle carrière. Je n’ai toutefois pas été en mesure d’échapper à la dépression qui s’est frayé un chemin sinueux à travers toutes les sphères de ma vie, tel un serpent venimeux.
J’avais peu de symptômes reconnus de la dépression, si bien que lorsque je soupçonnais sa présence, je finissais toujours par me dire que je n’étais pas si mal en point. Demain serait une meilleure journée. Ce n’était pas toujours rose, c’est vrai, mais ce n’était pas noir non plus. J’ai toujours cru que la dépression se manifesterait comme un bon coup de pelle en pleine face, mais pas dans mon cas. Était-ce du déni? Peut-être. J’en suis venue à m’effacer, lentement, mais sûrement. J’étais fade, j’étais vide et j’étais triste. Mis à part ces drôles de sentiments qui m’habitaient, tout allait comme sur des roulettes, jusqu’à ce que je commence à m’isoler; le début de la fin.
Je faisais tout mon possible pour éviter les réunions entre amis. Quand j’y allais, j’avais l’impression de me fondre dans la tapisserie. Je me sentais jugée, rejetée. Je n’avais plus envie de voir ma famille. J’étais certaine qu’ils ne m’aimaient plus. J’attendais de longs moments dans l’auto quand mon copain allait voir ses parents. Je ne me reconnaissais plus. J’avais honte de moi.
J’ai été diagnostiquée après quelques années de combat : dépression majeure et trouble d’anxiété généralisé. Je me sentais prisonnière de mon esprit. Dans ma tête, le chaos. Dans mon cœur, une mélancolie constante. Sur mon visage, des cernes sous les yeux, des larmes sur mes joues.
Lors de mes rencontres avec la psy, elle qualifiait ma dépression de sournoise. Une ombre qui s’est immiscée dans ma vie comme une hypocrite. Je me faisais ronger de l’intérieur petit à petit. Un peu comme le principe de la grenouille qui s’acclimate à l’eau bouillante. Elle s’habitue à l’eau toujours un peu plus chaude, plus chaude encore, un peu plus chaude, jusqu’à bouillir et y laisser sa peau.
Maintenant, je contrôle la température de l’eau à l’aide de ma médication, bien sûr, mais aussi en prenant soin de moi. D’abord, j’écoute mon corps. Je ne l’ignore plus. Je m’éloigne des situations émotionnellement difficiles. Je me repose et je fais des projets qui me tiennent à cœur. J’essaie de me redéfinir. Je pratique la méditation pleine conscience, je parle ouvertement de mes sentiments et je fais confiance à mes amies que j’aime d’amour et à ma famille pour prendre soin de moi.
Le mot d’ordre maintenant dans ma nouvelle vie: DOUX. Douceur avec moi-même.