« Le confinement a eu raison de notre vie en appartement. » C’est une phrase que je ne cesse de répéter depuis le mois de juin où nous avons acheté notre maison, car c’est tout simplement la vérité.

En fait, ça faisait déjà quelques années que nous avions commencé à éplucher les sites d’agences immobilières, autant les maisons «hors du budget» et celles qui avaient dépassé le stade du manque d’amour. Les « On a entendu dire que vous pensiez vendre votre maison » s'accumulaient en appelant les habitants des villages autour de nous (vive la campagne et la proximité de chacun!). Nous regardions aussi les ventes de successions en priant pour trouver une famille tannée de s’occuper d’une maison qui n’est pas la leur.

Avec le temps, nous avions décidé de choisir une grande maison de rang à rénover. Nous n’étions pas trop difficiles, nous voulions simplement que la fondation et la structure ne soient pas endommagées. C’est devenu notre petit rêve de recycler une vieille maison. Nous n’étions pas si pressés de trouver la perle rare, même si nous savions que ça devait être dans un avenir approché.

Et puis, il y a eu le confinement.

Toujours à la maison, enfermée entre mes quatre murs beiges avec deux enfants de moins 18 mois. L’appartement s’est transformé en salle de jeux, y compris la salle de bain et ma chambre. Cette pièce qui me servait de salle d’allaitement pour tuer l’ennui d’être encore dans le salon. J’avais accroché des jouets d’éveil sur les pieds de la bassinette pour que ma plus grande puisse s’amuser pendant que je devais m’occuper de ma plus jeune.

Les rues de mon village sont devenues ma cour et mes marches quotidiennes d’après-midi sont devenues mon échappatoire aux murs qui se refermaient sur moi. Avec un bébé qui pleure plus que la première, les nuits étaient loin d’être faciles. Je vais être sincère, c’était un bébé très bruyant et pas toujours de la plus belle façon. On s’inquiétait pour nos voisins, priant pour que personne ne se plaigne des pleurs constants.

C’est au mois de mai que nous avons hissé le drapeau blanc; nous devions arrêter de vivre en appartement. En fait, les signes étaient déjà présents, mais le confinement a été la goutte qui a fait déborder le vase. Comme le destin fait bien les choses, une maison que nous avions regardée quelques mois plus tôt avait baissé de prix et affichait maintenant un prix raisonnable pour nous.

Mon mari a contacté les propriétaires un dimanche à l’heure du midi et nous visitions la maison en fin d’après-midi de la même journée. Le vendredi, nous avions rendez-vous avec notre conseillère financière pour l’obtention du prêt, l’inspection le samedi et le dimanche après-midi, l’offre d’achat été acceptée et signée. En l’espace d’un mois, un tout petit mois, nous sommes passés de « On regarde un peu les maisons » à « On habite dans une maison ».

Nous avons trouvé une maison ni trop grande, ni trop petite, rénovée au goût du jour avec sa propre pièce pour les jouets (c'était devenu un critère de sélection), une cour arrière, dans le village mais pas trop dans le village puisque notre voisin a un cheval. Une maison centenaire digne d’un film d’époque, blanche avec sa grande galerie avant et sur le côté de la maison, ses volets bleus et son champ arrière. Mes filles se plaisent dans leur nouvelle demeure, elles s’approprient la cuisine qui devient une piste de course, un salon pour y faire mille et un mauvais coups. On peut prendre l’air frais tout près de la rivière d’en face et quand nous jouons dehors, nous jouons dans la terre de notre jardin.

Nous nous approprions chaque parcelle de cette nouvelle vie qu’est la nôtre, d’heureux propriétaires d’un parfait petit chez-soi.