Ça faisait un petit bout qu’on en parlait. Elle se questionnait sur l’utilité de ce changement, sur ce que ça allait modifier en elle. Son corps avait commencé à changer, son humeur aussi. Les signes de la puberté se faisaient bien sentir, et ça ne tarderait pas à arriver! Ma fille espérait vivre ça avant la rentrée au secondaire. Pour ma part, je me mettais la tête dans le sable (bah, c’est impossible que ça arrive bientôt, après tout c’est mon p’tit bébé)! Elle ne savait tellement pas dans quoi elle s’embarquait, plus tard serait le mieux selon moi!

Et puis, sans crier gare, les menstruations se sont pointées un beau matin d’août. Étant en garde partagée, ma fille m’a téléphoné de chez son père semi en panique devant la vue de tout ce sang. Déjà de vivre cette étape en soi est un changement pour elle, mais aussi pour moi, la maman qui voit « disparaître » son bébé. De ne pas être avec elle physiquement ce matin-là m’a ajouté un sentiment de culpabilité supplémentaire!

Bien sûr je l’ai rassurée, je lui ai donné la marche à suivre et lui ai dit que ce n’était rien de grave. Et je me suis par la suite rendue au domicile de son père, pour la serrer fort dans mes bras et lui dire que tout allait bien aller. À ce moment précis, je ne sais pas laquelle des deux j’essayais le plus de réconforter! Je réalisais soudainement que les années avaient filé, et que le temps des couches et de la p’tite poudre était révolu. Tout compte fait, la présence de cheveux gris s’expliquait de plus en plus!

Comme on en avait déjà parlé et que je lui avais montré la façon d’installer une serviette hygiénique, je savais qu’elle serait capable de se débrouiller. Mais t’sais, une mère restera toujours une mère! Et s’inquiéter pour sa progéniture est instinctif!

Aujourd’hui, quelques mois se sont écoulés depuis la première fois, et le cycle semble assez régulier. Ma fille surveille les moindres signes de maux de ventre (parce que oui, elle est aux prises avec ceux-ci) et moi, les dates sur le calendrier! Elle a fait l’essai de plusieurs marques et produits d’hygiène féminine (tellement que j’aurais pu faire compétition avec les étalages de ces produits en pharmacie), pour finalement trouver ce qui lui convenait le mieux.

On a parlé en famille de ce que ce changement impliquait dans sa vie, dans son intimité et un peu dans la nôtre, il faut se l’avouer! Nous essayons le plus possible de discuter de tous les aspects de la vie et des changements en famille, afin d’éviter les malaises et les tabous, le tout dans le plus grand respect de tous!

Et puis, finalement, papa et moi avons réalisé que notre petit bébé, qu’il n’y a encore pas si longtemps, on transportait sur nos épaules, s’était transformé en une jolie ado aux multiples talents. Une étape de plus dans son affranchissement et son cheminement vers la vie d’adulte.