Nous étions chez mon copain, profitant du soleil du printemps qui fait rougir les joues des enfants. Les vélos, les trottinettes, les gants de baseball. Première tentative de vélo sans les petites roues pour ma grande courageuse. Un beau dimanche matin, quoi.

Puis, j’ai comme été giflée par le petit vent du nord. Il a laissé des frissons sur ma peau. J’avais envie d’être chez moi, dans mon cocon familial, en sécurité, collée contre les miens. Je crois que mon enfant a ressenti le même feeling. En embarquant dans son banc d’auto, elle m’a dit :

« Quand est-ce qu’on va être ensemble? » 

« On s’en va à la maison, mon cœur. »

« Non, ensemble avec papa. Avec papa, à notre maison je veux dire. »

Des larmes ont coulé sur ma joue, comme trop souvent dans les dernières années.

J’écris régulièrement à propos de ma séparation. C’est une ritournelle dans ma tête. Dans plusieurs de mes textes, je parle du deuil de la famille telle que je la connaissais. Ça sonne positif comme phrase, comme si cela laissait place à quelque chose d’inconnu et de beau. En réalité, c’est plus compliqué que ça.

C’est une déception profonde qui m’habite. Une amère culpabilité d’avoir arraché mes enfants à leur père (même si ce n’est pas le cas). Une étrange sensation d’égoïsme de leur imposer de nouvelles personnes avec qui apprendre à vivre. Une peur constante de faire naître un lourd chagrin dans leur petit cœur d’anges.

Une vie de famille telle que je la connaissais ou telle que je la désirais? Parce que c’est pour cette raison que je me suis séparée de papa. Parce que notre vie de couple ne me convenait pas et par la bande, notre vie de famille non plus.

Je continue malgré tout à m’accrocher au rêve qui m’était le plus cher; un couple formant une équipe dans laquelle on peut s’appuyer l’un sur l’autre. Des parents pouvant déverser un flot d’amour inimaginable sur des enfants qui sont les nôtres, même s’ils sont nés d’anciens amours. Deux parents qui, même si leur jardin est en mauvais état, arrivent à faire pousser quelque chose entre eux et leurs enfants.

Je continue de croire qu’une vie de couple saine et épanouissante peut être possible après une séparation. Je veux y croire. Il faut que j’y croie. Il faut que ce soit possible pour que mes filles arrivent à y croire, elles aussi. Dans un avenir pas si lointain, elles deviendront des femmes. Elles auront à faire des choix elles aussi et nous en discuterons probablement ensemble. Je leur dirai que je n’ai jamais cessé de croire en l’amour. Parce que même si j’aime mes enfants plus que ma propre vie, je reste une femme. Une femme amoureuse de l’amour.

Est-ce que ça a été possible pour vous?