« Je n’avais pas l’impression que c’est ce que je vivais, je n’arrivais pas à y croire. Mon entourage me pressait à sortir de là, alors que j’avais encore des doutes. T’sais, je l’aimais… Jusqu’à ce qu’une dame, d’une maison d’aide, qui ne connaissait en rien mon histoire, me déballe ma vie, mes doutes, mes craintes et tout ce que je vivais en l’espace de 10 minutes… »

Ces quelques phrases, c’est une de mes collègues, qui jongle présentement avec une séparation difficile suite à de la violence psychologique qui me les a dites. Je suis l’œil extérieur qui assiste à tout ça, et qui aide du mieux qu’il peut. J'essaie de rester neutre dans mes propos (elle n’a pas besoin de jugement en ce moment, elle se sent déjà assez nulle), de la réconforter par mon oreille attentive et j'essaie de la conseiller au meilleur de ses connaissances. Suivant les recommandations de son psychologue, d’une maison d’aide et de son entourage, elle a quitté ce conjoint manipulateur, mais l’envie de passer l’éponge et la petite voix qui lui crie de retourner là est encore très forte. C’est un combat de tous les instants. On dit souvent que ça prend un village pour élever des enfants. En ces temps difficiles où les féminicides se succèdent les uns après les autres, le village est on ne peut plus précieux pour celles qui tentent de refaire leur vie, loin de cette violence physique ou psychologique…

Autour d’elle, une armée de fourmis (dont je fais partie) s’est déployée pour lui venir en aide, pour l’aider à se reloger, à se reconstruire. Notre surplus de zèle n’a d’égal que son courage et sa détermination à s’offrir, ainsi qu’à ses enfants, un environnement sain. C’est fou comme les gens peuvent faire preuve de solidarité et d’entraide sans qu’on le demande. Et c’est ce que ces femmes, qui vivent de telles situations, doivent comprendre. Elles ne sont pas seules. Ne négligez pas une personne qui vous demande de l’aide, ou qui semble en détresse. C’est parfois beaucoup plus compliqué qu’on le pense pour ces personnes de nommer le problème et d’oser « déranger » pour de l’aide.

Le chemin vers la guérison est long, rempli d’embûches et de découragement de toutes sortes. Mais il faut garder en tête que la lumière se trouve au bout du tunnel, et que la vie mérite d’être vécue dans la douceur et l’apaisement. Courage à toutes celles qui affrontent cette tempête et dites-vous que vous n’êtes pas seules. Plus on en parlera, plus on les aidera. Personne ne mérite de souffrir de la sorte, homme ou femme. Une vie de couple doit être belle, douce et agréable à vivre…