Lorsque j’étais enfant, on pouvait s’insulter à grands coups de « Mon père est plus fort que le tien !!! » et nous y croyions vraiment. À nos yeux, nos parents étaient les meilleurs et nous savions d’instinct qu’ils nous protégeraient de tout – du voleur sous notre lit à l’araignée de 5 livres trouvée dans la salle de bain. Heureusement, avec l’âge vient la réalisation que nos parents sont en fait humains, faillibles et pour certains, foutrement chanceux. Parce que des parents superhéros – ceux qui sauvent vraiment la vie de leur enfant par chance – eh bien, ça existe et en grand nombre à part ça.

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Personnellement, je crois sincèrement avoir sauvé mes filles de graves blessures par trois fois. Par exemple, la fois où ma première, âgée de 3 mois, a décidé de débarquer de sa table à langer – en roulant – PENDANT que je m’étirais pour attraper une couche. En une fraction de seconde, j’ai vu deux petites fesses blanches tomber vers le sol et j’ai attrapé in extremis son cache-couche. La tête à l’envers, ma fille babillait sa vie tandis que je tremblais comme une feuille. Et j’ai sacré. Je l’avoue. J’ai sacré en clisse.

La deuxième fois est survenue la veille de Noël, pendant que j’étais assise au sol, devant la bassinette, à plier du linge. Ma fille, debout dans son lit, a essayé de s’accrocher à moi en se penchant par-dessus le rebord… Elle a perdu l’équilibre et culbuté vers l’avant – tête première vers le plancher. Ma réaction fut de lui donner un « swing » en frappant ses jambes afin de lui permettre de faire un tour complet…et de tomber sur le dos. Résultat final du saut périlleux avant de fillette? Un front égratigné, râpé sur le plancher lors de l'atterrissage. Le lendemain matin, un mignon lit d’appoint faisait son apparition dans la chambre.

Ma dernière séquence de superhéros est un souvenir au « ralenti ». Ma moyenne de 2 ans, qui me regarde en souriant et qui perd l’équilibre vers l’arrière, dans le HAUT des escaliers qui mènent au sous-sol. Je me revois lancer mon cellulaire et me garrocher à son secours. J’ignore encore comment, mais j’ai atteint le palier du bas EN MÊME TEMPS qu’elle et je l’ai attrapée au bond. Pas certaine que j’ai touché à une seule marche en descendant.

 

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Mes « sauvetages » sont toutefois insignifiants face à ceux de mon chum. En vacances en Floride, nous avions acheté un nouveau vélo à ma 4 ans. Ignorant nos consignes de rester proche, cette dernière est partie avant nous à toute vitesse...pour se ramasser dans le lac artificiel, sous le pont, avec le vélo et les tortues. Aux hurlements de la voisine du 2e étage, mon chum est parti comme une balle en se débarrassant de ses « gougounes » et des serviettes de plage à son cou. Tel Superman et avec l'aide d'un bras, il a sauté PAR-DESSUS la rampe du pont pour repêcher fillette et vélo sous l'eau. Cinq minutes plus tard, il a candidement remis ces « gougounes » pour continuer la promenade vers le condo ! Dix ans plus tard, les habitants du complexe le saluent encore pour son exploit… et son sang-froid.

Finalement, lors des Fêtes de Noël 2012, papa superhéros a sauvé la vie de sa fille…avec une main. Juste une. Placée stratégiquement entre le coin d’une table de vitre et le front de la 18 mois qui venait de trébucher et qui enlignait ledit coin avec sa face. Sans son réflexe de feu, toute la famille est convaincue qu'elle se tuait… et la scène aurait été sanglante. Comment détruire un beau souper de Noël ? Contactez-moi pour des trucs. 

Bref, nos vies et les internets regorgent de scènes où l’adulte pogne l’enfant au vol lors d’une sortie au parc, aux glissades d'eau, dans la rue ou dans la cuisine avant que celui-ci se fasse frapper, se noie, se fracture le crâne ou pire encore, se tue. Mais, selon moi, les parents superhéros les plus impressionnants sont ceux qui sauvent en donnant physiquement un p’tit bout d’eux-mêmes – genre un organe – ou encore ceux qui réussissent à survivre lorsque leur chance s’épuise et que le sauvetage ne réussit pas. Ces derniers parents – ces irréductibles – méritent toute notre admiration. De trouver la force de se relever et de continuer à vivre lorsque l'enfant décède est signe d'une force surhumaine. Si un tel drame m'arrive, je sais déjà que je dois réserver une chambre coussinée à L-H-Lafontaine. C'est simple, perdre un enfant est ma kryptonite. 

Est-ce qu'il vous est arrivé un moment où vous avez dû être un parent superhéros?