C’était il y a 15 ans. Je jasais candidement avec ma meilleure amie au téléphone comme j’en avais l’habitude. Je savais pourtant que je ne devais pas trainer, car ma tante Martine était en phase terminale d’un cancer et l’appel pouvait entrer à n’importe quel moment. En raccrochant, alors que je vérifiais le contenu de la boîte vocale, je suis tombée sur le message que nous attendions. Martine nous avait quittés dans la dernière heure.
Elle venait tout juste d’avoir 37 ans. Il y a 6 semaines, j’ai fêté mon 36e anniversaire. Si à l’époque j’avais trouvé qu’elle était morte jeune, aujourd’hui, ce serait un euphémisme de dire qu’elle est morte de façon prématurée. Le 15e anniversaire de sa mort me frappe durement. Simplement m’imaginer que j’aurais déjà tout vécu ce qu’il y avait à vivre dans ma vie me brise le cœur. Penser que je laisserais derrière moi mes deux puces de 1 et 3 ans et les priver de leur mère est un sentiment d’effroi qui me glace le sang.
Voilà quelques semaines qu’elle est dans mes pensées. Je refais le cours de la fin de sa vie. Son combat contre le cancer du sein, les traitements de chimio, puis de radio, la rémission et l’espoir. Puis, l’apparition d’un cancer du poumon quelques mois plus tard, d’autres traitements, la confirmation que le cancer ne s’en ira plus, les métastases au cerveau, puis le décompte vers la fin. Ses dernières années auront été marquées par un combat, mais aussi par un désir de continuer à vivre et de mordre dans la vie, celle dont elle avait encore le droit de jouir.
Ces jours-ci, il n’y en a que pour la COVID-19. Je ne dénigre aucun mal en cette terre. Toutefois, pendant que la COVID prend toute la place médiatique, le cancer demeure la principale cause de décès au Canada. D’autres membres de ma famille élargie ont été touchées dans les dernières années par le cancer, mais personne n’a eu un destin aussi tragique que ma jeune tante.
En ce jour d’octobre, je ne veux pas oublier. Parce qu’elle était de ces femmes pour qui la vie a mis tant d’embûches, et pourtant, je garde en souvenir une personne qui mordait dans la vie et arrivait à y trouver son bonheur. J’ai juste envie de respecter sa mémoire et de l’honorer en ne me laissant pas abattre par les obstacles de la vie. De profiter de mes 36 prochaines années (je l’espère!) en ayant en tête que chaque jour est un privilège dans ma vie de femme, amoureuse et maman. Prendre des moments d’arrêt pour simplement apprécier l’instant présent que nous avons le luxe de vivre. Ce n’est pas de penser que tous les jours sont parfaits, mais plutôt de mémoriser des petits moments qui nous font du bien et qui rendent cette vie belle!
Aujourd’hui, prenez le temps de célébrer votre santé, c’est une grande chance. Si celle-ci est fragile, profitez-en pour prendre soin de vous. Un 5 minutes loin du tourbillon de la vie familiale, un sourire à la personne qui partage votre vie, un bisou bien senti à votre progéniture chérie. Et si votre santé se porte bien et que ça vous le dit, faites un geste au nom de la santé : faites un don pour une cause qui vous tient à cœur, téléphonez à quelqu’un qui va moins bien, prenez votre rendez-vous pour votre 1re ou 2e dose de vaccin contre la COVID, entretenez cette santé.
Moi, pour le moment, je vais garder son souvenir dans mon cœur et aller continuer ma vie, car c’est clairement ce qu’elle aurait voulu que je fasse en cette journée significative.