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On est en 2022, mais moi je suis restée quelque part derrière
Crédit: Anthony Tran/Unsplash

Ça allait bien jusqu’aux Fêtes. 2021 a entamé son dernier sprint, et ça a été le tourbillon, comme chaque année : Noël, l’excitation, les horaires bousculés, les journées une derrière l’autre, dissociées du calendrier. En janvier, le tourbillon a ralenti, le temps s’est remis en branle et ce fut le retour à la réalité : l’école, le travail — comme chaque année.

Pourtant, cette année, je ne retrouve pas le rythme. Je suis perpétuellement en contretemps. Le small talk me pèse, les réunions redondantes m’exaspèrent. Je n’ai plus envie de faire semblant que je n’ai pas mille autres choses en tête. Mes dossiers m’indiffèrent : de toute façon, qui sait si les enfants demeureront à l’école assez longtemps pour que je les termine? Je suis comme un ballon dégonflé. Je ne rebondis pas. Je ne rebondis plus.

 
Source : Giphy
 
J’ai l’impression d’être coincée dans le temps. Encore et toujours les restos et les cinémas qui sont ouverts, qui sont fermés. L’incertitude, les Fêtes qui tombent à l’eau, l’énième report du cours de piscine, y aura-t-il des camps de jour pour la relâche? L’école à la maison, Teams qui crash, la cacophonie des micros ouverts. L’horaire normal de confinement — parce qu’en 2022, les parents ont un horaire normal de confinement, celui qui leur permet de s’occuper des enfants et de faire avancer le boulot à l’heure où ils n’ont plus d’énergie. Quelle chance, pareil, que le télétravail. #ironie
 
Je suis à bout de cette imprévisibilité par barriques. La course aux tests rapides. Le retour en classe un peu tout croche, aux airs de loterie, assorti de cette promesse d’un isolement familial au premier toussotement. L’anxiété à regarder les rendez-vous sur le calendrier. Les suivis médicaux pour la clavicule fracturée de l’un, l’arythmie de l’autre; pourra-t-on se présenter? Quel sera le délai s’il faut reporter? Mystère. 
 
C’est la fatigue de la division et de la polarisation. L’abattement, la lassitude, l’amertume. La lourdeur de la répétition. J’ai déjà tout fait ça. Ne reste-t-il plus rien de plus que ça?
 
On est en 2022, et il fait frette, sombre, gris. J’ai le cœur vide, j’ai l’âme qui soupire. On est en 2022, mais moi je suis restée quelque part derrière.
 
Edwin Hopper/Unsplash
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