Dans mon dernier texte pour TPL Moms, je me demandais un peu à la blague si j’avais « pogné le jackpot » avec mon chum, tellement je le trouve parfait pour sa fille et moi. Je suis convaincue que oui. C’est l’homme de ma vie et un papa extraordinaire. Ceci dit, on a récemment « pogné un autre genre jackpot », mais pas un beau gros lot cette fois. Je dis on, mais c’est surtout lui. Mon chum a 36 ans, il est en santé. Il avait une chance sur 300 000 d’avoir un cancer du pancréas à son âge. La « chance » est tombée sur lui. Le cancer est avancé, il a des métastases au foie. Ce type de cancer, qui touche la plupart du temps les personnes plus âgées, est généralement diagnostiqué trop tard et donc, l’espérance de vie est faible. Selon notre oncologue, sans traitement, on parle de 3 à 6 mois de survie et avec la chimiothérapie (si le corps réagit bien au traitement), l’espérance de vie passe de 1 à 5 ans.

Dans cette première partie, allons-y avec une chronologie des événements (excluant le volet émotif, car je dois compartimenter).

La nouvelle du cancer donc, on l’a reçue le 15 décembre dernier. Depuis l’automne, mon chum avait des douleurs plus ou moins intenses, il est allé consulter son médecin, il est allé à l’urgence à trois reprises. Les médecins, sans pouvoir mettre le doigt sur le bobo, penchaient vers un diagnostic d’ulcères d’estomac. Pas une super nouvelle, mais rien de grave non plus. Le 10 décembre, un scan a finalement montré une tumeur au pancréas. Sur le coup, en attendant le rendez-vous avec l’oncologue le 15 décembre, on se dit bien naïvement : « Ah, mais la tumeur n’est peut-être pas maligne, tu es jeune, c’est quoi les chances que ça nous arrive? ». Parce qu’on le sait tous, ces choses-là, ça arrive seulement aux autres non? Ben non, fille.

Le 15 décembre donc, on a rendez-vous au centre de cancer des Cèdres au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Déjà, ça fait bizarre. On est dans un centre de cancer? Il y a juste des personnes âgées et malades ici, on n’a rien à faire là. Ensuite, il y a le diagnostic de l’oncologue : « Cancer du pancréas, métastases au foie, pas opérable, on doit commencer la chimiothérapie très rapidement ». Parce qu’avoir un cancer à 36 ans, c’est à double tranchant. Tu es jeune, donc tu peux avoir un traitement plus agressif et potentiellement plus efficace. Par contre, tes cellules se régénèrent tellement vite, que le cancer se répand à une sacrée vitesse. Entre le 15 décembre et le 25 janvier, mon chum a été 2 fois à l’urgence, a eu 2 opérations, 2 traitements de chimio et UNE TONNE de rendez-vous.

Plusieurs rendez-vous avec l’oncologue, des prises de sang, des rencontres avec l’infirmière pivot, des rendez-vous avec un psychologue, une travailleuse sociale, une nutritionniste, plusieurs pharmaciens, une visite dans une clinique de fertilité et j’en passe. Et ça, c’est à part de notre propre to-do list en mode urgence. Notaire pour un testament, discussion sur les funérailles, vendre la deuxième voiture, gérer les comptes et les dettes, suivis avec les assurances, le chômage, nos employeurs, recherches sur les prestations de proche aidant, etc. Être malade, c’est une job à temps plein. Et être proche aidant aussi. On ne peut même pas imaginer ce que ça peut représenter comme stress d’avoir à vivre cette épreuve pour une personne seule, vulnérable et/ou plus âgée. On a beau avoir accès à beaucoup des ressources (souvent gratuitement) c’est un vrai labyrinthe.  

Le 30 janvier 2022, on continue donc ce cauchemar éveillé sans happy ending. On pense sans arrêt à Petit Poulet qui grandira sans son papa, à notre couple, à nos familles, à ce qu’on a bâti à deux, à l’après. Mais le cerveau est bien fait. Il ne nous permet pas de recevoir/traiter toutes ces informations, toute cette tristesse d’un seul coup. On compartimente, on traite une chose à la fois. Il y a des débordements de tristesse, de peur, de colère, bien évidemment. Mais on continue d’avancer quand même. On continue pour et grâce à l’amour et le support de notre entourage. On perd pied, on perd nos repères en ce moment, mais notre monde est là pour nous soutenir, pour nous empêcher de tomber, pour nous protéger. On n’a pas eu de chance avec le cancer, mais on en a eu beaucoup avec nos familles et nos amis. On ne lâche pas…

Avez-vous vécu ou vivez-vous une épreuve semblable? Pouvez-vous compter sur votre entourage?