Je suis cette femme que vous croisez à l’épicerie du coin chaque dimanche, je suis cette maman toujours sur le bord des terrains de soccer été comme hiver, je suis cette gestionnaire que vous craignez parfois au travail, je suis cette sœur qui unit la famille, et, je suis également la femme fragile que vous croiserez à l’hôpital dans les prochains mois.

Je me devais d’écrire ce texte, car pour la première fois de ma vie, je n’arrive pas à mettre de mots sur mes émotions lorsque je dois parler. « Ben non, ça va, ne t’inquiète pas pour moi! » est devenue ma marque de commerce. Mais, peut-être dois-je simplement montrer ma vulnérabilité...

Depuis le début de l’année 2022, j’ai en moi une soif de vivre qui dépasse tout ce que j’ai connu, je rêve de défis et de liberté… certes, j’ai pris quelques décisions douteuses et commis quelques erreurs de parcours, mais rien n’assouvissait cette soif de vivre. Avec le recul, je réalise que je me suis mise dans des situations inconfortables sans le désirer, mais ça me permettait de me sentir vivante.

Il faut savoir que depuis plusieurs années, je connais des problèmes de santé, mais j’ai toujours réussi à garder le contrôle autant sur mon corps que dans ma tête et ma vie… mais lorsque je me suis assise dans le bureau de mon médecin, j’avais le sentiment que je perdrais le contrôle, que quelque chose n’allait pas.

Je suis sortie de ce rendez-vous avec un diagnostic de cancer, et, à ce moment précis, les mille et une cicatrices de mon corps se sont rouvertes avec tant de puissance, tant de violence. Je n’avais jamais ressenti une douleur comme celle-ci.

J’en suis donc venue à la conclusion que mon inconscient a essayé de parler à mon conscient pendant plusieurs semaines en me prévenant que quelque chose n’allait pas. Mon inconscient me hurlait sa soif de vivre!

La vérité c’est qu’à première vue, je suis cette femme dure, forte et intimidante, mais ce n’est qu’une carapace que j’ai entretenue avec les années; elle m’a aidé pour tant d’épreuves.

Beaucoup trop souvent, j’ai eu la « chance » de visiter les noirceurs de l’enfer et maintenant je n’ai d’autre choix que de protéger mes cicatrices par peur qu’elles s’ouvrent à nouveau, par peur que les gens que j’aime soient déçus… ce qui me donne des airs de femme froide, distante et plus souvent qu’autrement TROP.

TROP intense…

TROP en contrôle…

TROP directe…

Lorsque ma douleur et ma souffrance prennent le dessus, je me transforme littéralement en un ouragan qui détruit tout sur son passage. La vérité c’est que je n’arrive pas à gérer cette douleur, alors, je fais le vide autour de moi, tout simplement!

La seconde vérité c’est que je n’assume pas la situation et je suis, à l’intérieur de moi, une petite fille de 8 ans, brisée en mille morceaux.

Crédit:Artem Kovalev/Unsplash

Je ne rappelle plus mes amies, j’ai mis de côté toutes les activités que j’aime et je me renferme sur moi-même. Ce qui blesse les gens que j’aime sans même le vouloir.

Sauf que cette fois-ci, je réalise que même après avoir traversé l’enfer plus souvent qu’autrement seule, je ne serai plus capable de le faire. Que malgré la distance que je crée, j’ai besoin de mes proches.

J’ai besoin de toi mon amie, même lorsque j’annulerai tous nos soupers.

J’ai besoin de toi mon ami, lorsque j’aurai simplement envie de pleurer.

J’ai besoin que tu comprennes que je ne serai plus aussi forte, mais qu’ensemble nous continuerons à refaire le monde.

J’ai besoin que tu me dises que tu me trouves belle, même si mon cœur se fatigue et que mon corps s’amaigrit.

J’ai besoin que tu persévères même quand je te repousse, parce que, si je t’ai donné une partie de moi et de mon cœur, c’est que j’ai senti que tu pouvais m’aider à garder le cap.

J’ai envie de voir l’espoir dans tes yeux plutôt que de la pitié.

J’ai envie de rire aux éclats et d’oublier, l’espace d’un instant, ma douleur.

J’ai envie de sentir la pluie, le vent et le soleil sur mon visage.

Je m’apprête à mener un des combats les plus difficiles de ma vie, et j’ai besoin de savoir que malgré ma tête de cochon, ma froideur et mon ouragan intérieur, vous serez là derrière moi à garder le fort.

En échange, voici ma promesse : Je vous promets que lorsque je reviendrai de cette bataille, je serai encore plus forte, plus conciliante et je vous redonnerai de mon temps, de mon amour et de ma fougue que vous aimez tant, même si je sais qu’au fond, tout votre amour est pur et ne demande pas de retour.

Je ne sais pas si l’histoire se souviendra de moi, mais si c’est le cas, qu’elle ne me voit jamais comme une victime, mais comme une femme ayant avancé avec courage, sans peur de payer ce qu’il fallait payer.

Merci à cet entraîneur, David, qui m’a, sans le vouloir, motivé à mettre la lumière sur la femme que je suis réellement à la suite d’une simple conversation téléphonique suivie d’un torrent de larmes.

Merci aux gens qui m’entourent de prendre ce texte pour une explication à mon mal-être des dernières semaines.

Merci à mon meilleur ami de rester près de moi malgré toute la douleur que je lui inflige.

Merci à mes merveilleux enfants d’être eux.

Maman, je veux entendre ton rire et non tes pleurs, car ton bonheur m’apaise.

Malgré tout, sache que je garde espoir à travers de petites choses :

Le texto que tu m’envoies pour me faire rire…

La joie de vivre de ma fille de 9 ans…

Le but marqué par ma grande durant son match de soccer…

Mon fils et son flot de paroles incessant et d’histoires rocambolesques…

Mon chat qui se couche chaque soir à l’endroit même du traitement de radiothérapie…

Mes collègues de travail qui essaient d’en prendre le plus possible sur leurs épaules…

Les petits plats cuisinés par mamie…

Mon meilleur ami qui s’assure que je n’ai jamais froid…

Le sourire sincère que tu m’offres…

Et j’ai cette soif, cette envie de mettre mes pieds dans la rivière…

J’ai envie de rester tard, près du feu…

J’ai envie de rouler, juste pour rouler…

J’ai envie d’aimer, d’être aimée et de vivre sans limites…

J’ai envie d’être moi, sans jugement…

Mais j’ai surtout envie de vivre!

Alors cancer! Es-tu prêt à te faire botter le derrière? Parce que MOI je suis prête à vivre sans toi!

Cet article nous a été envoyé par une lectrice de TPL Moms. Si vous avez vous aussi une histoire à partager, il nous fera plaisir de vous lire! Vous pouvez nous écrire au info@tplmag.com.