Je suis la maman d’un garçon. Je lui écris une lettre à chaque rentrée depuis sa maternelle.
Voici celle de la rentrée 2023.

«J’peux pas croire que je m’en vais en 4e année. Ça va vite le temps maman!», m’as-tu lancé, simplement.

Et je n’ai pas pu trouver les mots.

J’ai bêtement souri. Ce sourire était rempli de surprise, d’admiration, d’inquiétudes, de fierté et de nostalgie. Oui, il passe vite le temps mon gars. On ne peut rien contre le sablier. On n’a pas le choix d’avancer avec lui ou de le laisser s’écouler. J’avais envie de te raconter que ce même temps nous secoue, nous presse, nous surprend, nous blesse ou nous apaise.

Mais ta candeur et tes yeux ronds ont eu raison de mes explications.

J’ai juste souri.

Tu avances sur la route de ton humain de demain et tu brilles. Tu explores minutieusement ton nord. Tu construis tranquillement ta boussole et tu orientes minutieusement son aiguille. Elle oscille encore entre une belle naïveté et la dure réalité.

Quelque part entre la fée des dents et les mots méchants.

Tu veux savoir et tu poses les bonnes questions. De celles qui ont une réponse.

De celles qui donnent des frissons. Tu avances dans ce monde, que de plus en plus tu comprends.

Le trouves-tu beau ou terrorisant? Le sens-tu que j’ai peur de te lancer dedans?

Garde comme bouclier ton émerveillement. Regarde le beau, respire le doux. Fais des rencontres et joue.

Efforce-toi d’essayer et trompe-toi avec humilité.
Trouve tes forces et éloigne tes peurs.

Entraîne chaque jour ton humanité, c’est bon pour le cœur. Si jamais, sur le sentier, la beauté du monde te fait défaut,
continue toujours de marcher le cœur haut.

Oui, le temps passe vite.

Déjà, il faut y aller mon chéri. Mais ce matin, dans la cour, j’ai pris le temps de te regarder grandir.

Et j’ai souri. Je t’aime.

Un texte de Julie Beauregard