C’était un matin bien normal à la maison sauf pour moi, qui était particulièrement zen. Ça faisait un bon moment qu’il n’y avait pas eu d’activité dans ma chambre à coucher hormis le sommeil et la veille, j’avais arrêté de compter mes jours d’abstinence sexuelle (ENFIN!).

Bref, j’étais en plein préparatifs matinaux, limite en train de chantonner. Je me souviens d’être devant le miroir et de chialer mentalement contre le trou dans mon sourcil droit, qui me pose franchement problème, lorsque la petite tête d’Ange s’est pointée dans la porte et qu'elle m’a dit :

«Maman, hier soir, je me suis réveillée et tu faisais des drôles de bruit.»

Crayon à sourcil en l’air, mon regard planté dans le reflet de la glace, j’ai vu mes yeux s’arrondir : elle ne parlait pas vraiment de ça, c’était impossible. Elle avait le sommeil tellement lourd qu’une explosion nucléaire ne l’aurait pas fait broncher.

«Ah bon, du bruit? T’es certaine?»

Et là, comble de l’horreur et de l’humiliation, ma fille acquiesce. Elle explique son réveil par un trop plein de chaleur dans sa chambre et se met à m’imiter. Par imiter, je veux dire vraiment bien m’imiter, je veux dire MA FILLE QUI M’IMITE VRAIMENT BIEN EN TRAIN DE JOUIR.

Je pense que je n'ai jamais, de toute ma vie, été plus gênée qu’à ce moment-là (quoiqu'en y repensant, ça aurait pu être encore pire devant des gens). Je pouvais voir mes joues rosir dans le reflet du miroir et j’ai commencé à avoir très chaud. Elle continuait de faire des sons et j’étais pétrifiée. Je n’arrivais pas à dire un seul mot parce que je sentais que j’allais faire ce que je fais le mieux lors de tous les malaises confondus: rire. Vu l’ampleur de mon embarras à ce moment-là, j’aurais probablement hurlé de rire d’une manière un peu hystérique. J’ai donc mordu ma lèvre et menti comme une arracheuse de dent.

« J’ai des crampes vraiment douloureuses dans les jambes la nuit. Ça devait être ça que t’as entendu.
- Ça avait vraiment l’air de faire mal, pauvre mamou!»

Elle est entrée dans la salle de bain et m'a fait un câlin pendant que je faisais semblant de continuer à me maquiller, puis elle est sortie. J’ai laissé le trou de sourcil tranquille et j’ai réalisé à quel point mon mensonge était pathétique: qui aurait cru ça, franchement?

Bah manifestement, une petite fille de huit ans qui n’a aucune idée de ce qu’est le sexe, qui n’a vu personne dans mon lit au petit matin et qui n’a donc aucune idée de ce qui se passe.

Je me suis mise à imaginer tous les scénarios possibles: elle qui m’imite à l’école devant son prof, quand elle viendrait me voir à la librairie, chez son père. J’ai fermé la porte de la salle de bain et j’ai finalement ri, beaucoup ri et me suis dit que même si mentir était dans les choses que je détestais le plus, y a quelques mensonges qui étaient justifiés, surtout si on le raconte sur un blog de maternité par la suite pour faire amende honorable.

Ange, je m’excuse de t’avoir menti, j’avais pas des crampes, je jouissais.

Vos enfants vous ont-ils déjà surpris les culottes baissées? Avez-vous déjà attrapé vos parents en pleins ébats?