Je suis née anxieuse. La vie en elle-même me paraissait dangereuse. Chaque situation impromptue venait bouleverser ma petite stabilité émotionnelle. J’ai passé une grande partie de mon enfance dans les jupes de ma mère ou collée aux talons de mes deux sœurs. Arriver en retard à la prématernelle, avoir envie de faire pipi au mauvais moment, me perdre au centre d’achats, voir une araignée apparaître dans ma maison de Barbies, attraper la gastro… Toutes les situations qui m’apparaissaient hors de mon contrôle m’empêchaient d’aller de l’avant.

C’est vers l’âge de douze ans que sont apparues mes premières crises de panique. Comme elles rendaient mon quotidien difficilement tolérable, j’ai eu la chance de rencontrer la psychologue de l’école. Mes petites inquiétudes d’enfant commençaient à s’estomper une à une, mais sournoisement, elles ont laissé place à des craintes plus viscérales comme la peur du rejet, de l’abandon et de la solitude.

J’ai continué mon parcours scolaire et mon cheminement avec mes craintes dans mon sac à dos, en utilisant des pensées magiques, des rituels ou bien de l’évitement comme solutions temporaires à mes maux, avançant de trois pas et reculant ensuite de deux. Tout compte fait, je ne m’en sortais pas trop mal. Je n’avais jamais osé imaginer anyway pouvoir vivre un jour libérée de ces pensées négatives continuelles. 

Pourtant, le déclic s’est fait lorsque j’ai eu 25 ans. Je venais tout juste de me séparer dans des conditions éprouvantes. Ma grande n’avait que 18 mois et sa petite sœur, encore au chaud dans mon ventre, était prévue pour le mois suivant. Voilà, c’était à moi que ça arrivait : j’étais devenue monoparentale, habitant dans un petit logement miteux! Les nuits étaient lourdes, car trop silencieuses, et mon cerveau hyperactif en profitait allègrement pour envisager les pires scénarios possibles. C’est alors que j’ai réalisé que, malgré tous les efforts que j’avais accomplis jour après jour, je n’avais jamais eu de contrôle sur ce qui s’était passé dans ma vie. Le désir de tout planifier et de tout prévoir venait de prendre le bord. J’ai compris également que d’anticiper les pires drames ne les avaient pas empêchés de se produire, ou non.

Lucky Star Origami

Là, c’était moi la maman. Je ne pouvais pas me permettre d’empoisonner l’existence de mes filles avec mes peurs irraisonnées. #logique

J’ai donc pris mon courage à deux mains, et j’ai choisi d’affronter mes « bibittes » une après l’autre. Aujourd’hui, je n’ai pas terminé, puisque ce sera le travail d’une vie, mais j’ai cessé de me réprimer. J’essaie d’être à la fois authentique et courageuse pour mes filles. Je suis le premier modèle vivant, l’exemple sur lequel elles se basent pour construire leur personnalité.

Heureusement, mes filles me paraissent aujourd’hui plus sereines que je l’étais moi-même à leur âge. Elles ont toutefois des craintes et nous prenons le temps d’en discuter : c’est humain d’avoir peur.  

Sentez-vous que la maternité vous a permis de devenir une meilleure personne ?
Quelles sont vos plus grandes peurs depuis que vous êtes maman ?