Marie, nouvelle maman, pleure tout le temps. Elle est pourtant revenue à la maison avec un magnifique poupon entre les bras. Quand elle le regarde, son cœur explose d’amour, quand elle le tient contre elle, le temps semble s’arrêter. Elle ressent une émotion si vive, si intense depuis qu’il est là et malgré cela, elle ne cesse de pleurer.

Tout l’épuise, se transforme en montagne infranchissable. Plier une brassée de pyjamas, se préparer un sandwich, sortir la poussette, aller acheter de la crème de zinc, changer le huitième pipi de la journée, répondre aux appels du CLSC, soulager ses engorgements de lait, etc. Pourquoi l’immense joie ressentie à la vue de ce petit être tout neuf ne réussit-elle pas à transcender cette impression d’écrasement, de fatigue insurmontable? Pourquoi la force de l’amour n’est-elle pas suffisante?
 
Quand la mère et la belle-mère de Marie lui ont offert de prolonger leur visite pour donner un coup de pouce, elle a décliné l’offre, car elle se sentait prête à vivre sa maternité en mode cocon. Ça ne devait pas être si sorcier après tout, tant d’autres femmes le font! Et voilà que son chum reprend le travail et qu’elle se retrouve seule à gérer le quotidien avec un nouveau-né qui dort peu. Dès qu’il ferme l’œil, Marie se dépêche pour faire tout ce qu’elle avait prévu durant les siestes, mais ce n’est jamais assez long pour terminer ce qu’elle entreprend. Marie se sent vite dépassée, débordée, même pas capable de prendre une douche ou de finir une recette entre deux boires. Elle se sent incompétente, inadéquate, elle se met à pleurer pour un rien. Mais elle n’ose le dire à personne. Elle se trouve faible, elle est déçue de ne pas y arriver.
 
Heureusement, elle est capable de ravaler sa peine quand son trésor est éveillé, elle ne veut surtout pas qu’il la sente triste ou à bout de souffle, ça le rendrait inconfortable, insécure, elle s’en voudrait encore plus. Jusqu’au jour où elle réalise que ses larmes mouillent la tête de son bébé. Les gouttes glissent sur les petits cheveux soyeux. Marie n’en peut plus. Elle appelle sa mère : « Je pleure pour rien », et elle lui répond : « Ce n’est pas pour rien, je m’en viens. »
 
La dépression post-partum n’est pas « rien ». N’hésitez pas à demander de l’aide si vous vous reconnaissez dans l’histoire de Marie, d’accord?