D'habitude, je suis une traditionnaliste d'Eïd : couscous, agneau, poivrons grillés, tout y passe. Cette année, Eïd-el-kbir tombe le jour de mes cinq ans de mariage et ma tante part en voyage. Comme je délègue environ le quatre cinquième de la cusine à ma tante dans ce genre d'occasions et que j'ai moyen le temps de passer une journée à passer le couscous à la vapeur les 45 fois nécessaires, j'ai décidé, sacrilège, de faire l'Eïd version brunch, n'en déplaise à Fatima-Zohra Bouayed. J'ai quelques suggestions pour ne pas se casser la tête pour les gens qui reçoivent le 2 septembre :

  • Se faire un déjeuner turc : des oeufs durs, des tomates en rondelles, des olives noires et du fromage blanc. C'est joli sur la table et c'est difficile de faire plus simple.
     
  • Compléter ça avec de la charcuterie typique ou une autre protéine : des merguez (à Montréal, il faut les acheter au marché Jean-Talon ou autour ; ailleurs, il faut trouver un Adonis ou une boucherie halal, j'essaye de ne pas être une puriste de la merguez, mais les merguez d'épicerie goûtent le désespoir, c'est pas ma faute), du kachir, du hummus noyé d'excellente huile d'olive ou du caviar d'aubergines. Dans la section poudre aux yeux facile, il y a toujours le ham el helou, l'agneau-pruneaux-amandes-pommes, à mettre le soir avec ses ingrédients pêle-mêle dans la mijoteuse et à oublier jusqu'au matin.
     
  • Rajouter du pain : du pain baguette, du pain pita, du pain naan, du pain afghan, des mhadjebs fourrés à la pâte de tomates épicée, idéalement achetés à l'épicerie afghane, indienne ou algérienne du coin, parce que c'est toujours bien meilleur.
     
  • Rajouter du pain brioché et des crêpes parce c'est un déjeuner quand même : du pain brioché (roht afghan à la cardamome trouvable en épicerie afghane, mouna à l'anis, aux zestes d'agrumes et à la fleur d'oranger, trouvable dans certaines boulangeries puisque c'est d'abord espagnol, aussi provençal et originellement pied-noir) ; des crêpes (msemmens ou baghrirs noyés de miel, crêpes françaises, pourquoi pas, avec les confitures marocaines du Adonis qui goûtent miraculeusement mes huit ans).
     
  • Acheter des gâteaux : C'est l'Eïd, ça prend des gâteaux. On peut trouver des kalbelouzes dans la majorité des boucheries halals qui se respectent, et des gâteaux aux amandes excellents à la Table fleurie d'Algérie et à Trésors sucrés, deux pâtisseries situées à un jet de pierre l'une de l'autre sur Jean-Talon, dans le petit Maghreb. Prenez les pâtes d'amandes et les dziriates, vous ne serez pas déçus. D'ailleurs, si vous avez des non-Maghrébins à table, prenez des makrout-al-luz, c'est un franc succès avec ma belle-famille.
     
  • Arroser de thé à la menthe (mettre votre 45 mL de thé gunpowder préalablement rincé à l'eau bouillante et beaucoup, beaucoup de menthe dans la théière la veille, ça permet d'avoir seulement l'eau bouillante à rajouter pour faire un thé à la menthe express le matin en écoutant La Caution).  ​

Évidemment, il faut en prendre et en laisser, il y a des limites à la quantité de nourriture que les invités peuvent ingurgiter (il paraît, on me le dit régulièrement pour une raison que j'ignore) et l'important, ce n'est pas tant ce qu'on sert, mais avec qui on fête. Ce que je préfère, de toute façon, c'est que mon fils, mes neveux, mes nièces, mes gamins bruns et blonds courent partout dans la maison en volant des pâtisseries aux amandes au passage et que ça, ça goûte l'Eïd et, miraculeusement, l'enfance. Eïdkoum mabrouk en avance, gens.

Quels sont vos plans pour Eïd-el-kbir?

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