Je n’ai pas aimé être enceinte. Le méga stress que j’ai vécu au début ne m’a jamais totalement quittée. J’étais angoissée. J’avais la chienne de tout. J’avais peur que mon bébé meure, qu’il soit handicapé, qu’il ait une maladie indétectable à l’échographie, qu’il soit trop gros à cause mon diabète de grossesse. Peur qu’il me déteste, qu’il pleure tout le temps, qu’il ne veuille pas boire au sein, qu’il soit allergique à tout, qu’il ne dorme jamais, ou pire encore, qu’il meure dans son sommeil. Peur d’accoucher, évidemment.

Je détestais tous les interdits. Une sortie à La Ronde avec les élèves? Pas de manège pour moi. Une terrasse estivale avec les amis? Pas d’alcool. Pas de tartare. Pas de sushis. Pas de fromage au lait cru. Puis, avec ma diète de diabétique, pas de gâteau, de crème glacée, de pâtes, de croissants, de bagels, de raisins, la liste est longue.

Moi, enceinte, beaucoup trop souvent à mon goût. 
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Je détestais les grands bobos de grossesse, mais aussi les petits. L’horrible reflux. Les pipis qui réveillent la nuit. Le mal de dos. La congestion nasale permanente. Les crampes de mollet en plein milieu de la nuit. Les rêves fuckés et les cauchemars angoissants. Les sautes d’humeur.

J’avais l’impression d’avoir perdu le contrôle de mon corps et de ma vie. Comme si un extraterrestre avait pris racine en moi et prenait toute la place, toute mon énergie.

Évidemment, j’ai aimé certains bouts de la grossesse…le voir aux échographies. Le sentir bouger. Et…c’est pas mal ça.

J’aimerais dire que tout ça a été effacé par l’arrivée de mon fils, mais non. C’était derrière moi. Mais ce n’était pas oublié. Mon amoureux et moi savions que nous ne voulions pas que notre fils soit enfant unique. ÇA allait donc revenir. J’allais devoir être enceinte de nouveau. Ah, nous aurions pu opter pour une autre méthode pour agrandir notre famille. Celle que nous avions utilisée la première fois nous semblait quand même la plus simple, la moins coûteuse.

Les mois ont passé et mon fils a grandi. Mon chum et moi avions souvent parlé de deux ans de différence minimum. Quand est arrivée l’échéance dont nous avions parlé, j’ai suggéré qu’on arrête de se protéger. Ouf. Toute une décision pour moi.

Deux ou trois semaines plus tard, j’ai choké. Notre fils ne dormait pas bien, j’allaitais encore, l’été et ses terrasses m’appelaient, de gros changements s’annonçaient au travail, bref, ce n’était pas le bon moment pour moi. Je n’avais pas envie d’être encore enceinte. Pas tout de suite.

Une semaine ou deux plus tard, un petit plus est venu chambouler mes plans. J’étais enceinte. Déjà. Et encore. Et c’était voulu. Genre.

J’ai eu un petit moment d’angoisse, mais en rien comparable à celui de la première fois. Une fois le choc passé, je me suis résignée et j’ai commencé à rêver à l’après au fil des semaines qui passaient.

Avec maintenant plusieurs mois de cette deuxième grossesse derrière moi, je peux dire que je déteste presque autant ça que la première fois. Presque, mais pas tout à fait. Parce que quand je regarde mon fils, que mon cœur se remplit d’amour pour ma petite tornade, que mes yeux se remplissent de larmes à la simple pensée de la première fois qu’il va prendre son petit frère ou sa petite sœur dans ses bras, je me dis que ça en vaut la peine. Que tous ces sacrifices et ces désagréments seront bientôt derrière moi et laisseront place à une rencontre complètement folle et intense, à une dose massive d’amour.

Alors je m’accroche au fait que c’est probablement ma dernière grossesse et je savoure les petits bonheurs quand ils passent.

Avez-vous vécu vos grossesses comme un mal nécessaire?