Un poète vénézuélien a un jour dit ceci : « Quien ha tenido un hijo, les ha tenido todos. »
Qui a eu un enfant, les a tous eus. Pour moi, c'est un appel qui résonne et m'encourage à m’élargir le coeur et la pensée. À souhaiter le meilleur pour tous les enfants, et pas seulement les miens. À travailler pour bâtir une société qui protège, guide et accueille chaque enfant, selon ses besoins.
 


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C'est pour cette raison que je suis incapable de garder le silence quand je lis que des citoyens voient d'un mauvais oeil l'arrivée d'un centre d'apprentissage pour enfants en difficulté dans leur quartier. C'est une aberration!

Dans une autre vie, j'étais intervenante sociale en milieu scolaire. Je travaillais sur le terrain dans un des quartiers les plus enclavés et défavorisés de la ville. Je côtoyais tous les jours des enfants qui portaient leur diagnostic sur leurs épaules comme d'autres portent leur sac à dos. Parmi ces enfants, il y a ceux qu'on a tendance à appeler « des paquets de trouble ». Ils ne trouvent pas leur place dans un cheminement scolaire régulier. Les écoles, de toute façon, manquent de tout pour les accompagner adéquatement. En fait, souvent, ils ne trouvent leur place nulle part. On mettait tout en oeuvre pour les accueillir jour après jour à bras ouverts, peu importe le degré de difficulté de leur journée ou la longueur de leur plan d'intervention. 


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Ces enfants collectionnent les étiquettes et finissent par croire qu’échouer est la seule chose dont ils sont capables. Pas étonnant qu’ils décrochent alors qu'ils n'ont même pas l’âge légal pour travailler. Mais d'autres restent et font preuve d'une persévérance admirable. Bien souvent, après avoir fait le tour des écoles du quartier, ils se retrouvent dans l’arrière-cour de notre système d'éducation. Dans des établissements comme le Centre d'intégration scolaire. Cet endroit, adapté à leurs besoins et adoptant une approche personnalisée, est souvent le seul rempart qui leur reste. Après, il n'y a plus rien. Après, il y a la rue, la vie dure et toutes les portes qui se ferment quand on est à peine lettré et qu'on souffre de surcroît d'un trouble de santé mentale.


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Alors que des adultes « bien pensants » se mobilisent au nom du « Pas dans ma cour » me glace le sang. Que ces enfants ostracisés et étiquetés depuis le jour où ils ont mis le pied dans une école (ou avant) soient réduits à un risque économique et à un pourcentage du taux de criminalité me sidère complètement! On parle ici d'un établissement qui accueille des jeunes d'âge primaire! Et on ose le comparer à une prison???

Ces enfants sont ceux de tout le monde. Si le mien tombait entre les craques du plancher du système scolaire, ce n'est pas ce que je souhaiterais pour lui. Je voudrais qu'il se sente en sécurité et encadré dans son centre d'apprentissage. Je voudrais qu'il se sente le bienvenu dans son voisinage et sa communauté, peu importe sa feuille de route. Je voudrais qu'on célèbre sa résilience et sa persévérance. Qu'on soit solidaire de son parcours atypique.

Mais plus que tout, je souhaiterais que les adultes autour de lui traitent mon enfant comme ils traiteraient le leur. Avec bienveillance.

Que souhaitez-vous pour vos enfants?